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Publié le 18 décembre 2020

La crise COVID-19, véritable révélateur de l’existence et de la robustesse des chaînes de valeur.

La COVID a des impacts en supply chain, logistique et transport plus importants que les pandémies précédentes. Cette fois-ci, l’ampleur mondiale et les confinements limitant les échanges ont eu des répercussions aussi bien sur la production que sur la consommation.

Le premier confinement en mars 2020 a mis en lumière les professionnels et les métiers du transport, de la logistique et de la supply chain. Une logistique de crise s’est d’abord déployée sous nos yeux : beaucoup d’entreprises ont fait preuve de solidarité et d’agilité pour produire et distribuer des masques en tissu ou du gel hydroalcoolique et on a même vu des militaires sur les tarmacs pour sécuriser les approvisionnements de masques jetables. En parallèle, les métiers de la supply chain, de la logistique et du transport ont été identifiés comme « indispensables », jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. L’enjeu alors était d’assurer la continuité des chaînes logistiques, de livrer les biens de première nécessité. Au sein des entreprises, le chômage partiel n’a pas été massivement sollicité sur ces métiers, les conditions d’hygiène et de sécurité sont devenues clé et le dialogue constructif entre patronat et représentant·es des salarié·es a été plébiscité. On a parlé de « résilience des supply chains » et finalement, on s’est aperçus que la répartition des risques et le travail collaboratif dans la chaîne logistique étaient des piliers de cette agilité : les entreprises dotées de processus d’alignement et d’arbitrage, de processus supply chain, étaient moins désorganisées donc plus promptes à rebondir.

A l’aube de l’année 2021, on constate que les effets à moyen terme sur la consommation ont accéléré certaines tendances, parfois contradictoires, comme la digitalisation, le e-commerce ou les circuits courts. Ces phénomènes entraînent une grande adaptation des supply chains de distribution ainsi que des offres logistiques et transport :

  • Par exemple, les commerçants et artisans ont développé des services de click&collect, de drive… Toutes ces stratégies e-commerce ou « cross canal » modifient la gestion des flux physiques (stockage, préparation des commandes, etc.) et des flux d’informations (synchronisation des stocks, suivi en ligne de la relation client, etc.). Cette digitalisation accélérée de la distribution semble être une tendance lourde, qui se maintiendra à coup sûr.
  • Consommer local est aussi devenu une tendance forte. Le Made in France a le vent en poupe, tout comme les plateformes pour faciliter les achats chez les producteurs, artisans ou commerçants locaux. Là encore, l’organisation des flux de marchandises et donc les offres de transport et de logistique doivent d’adapter.

On remarque aussi que les professionnel·les de la supply chain, de la logistique et du transport repensent leurs schémas logistiques, les flux d’information et les flux physiques :

  • Poussés par les attentes du client final et par l’impérieuse nécessité de gérer des risques nouveaux, les professionnel·les interrogent leurs stratégies d’approvisionnement. Des projets de relocalisation de certaines activités de production et ou de transformation émergent, surtout dans le secteur de la distribution, du retail. Dans tous les secteurs d’activité, des stratégies de diversification des fournisseurs se développement, notamment diversification géographique.
  • Au-delà de la problématique liée aux fournisseurs, cette pandémie met au défi la localisation des activités, surtout celle des entrepôts de stockage. Certains chargeurs réfléchissent donc à diversifier géographiquement leurs activités logistiques, y compris à l’échelle nationale.
  • Les confinements et les variations erratiques de la demande remettent aussi en cause les flux tendus : dans un contexte perturbé, comment assurer la satisfaction du client avec les produits qu’il a commandé, au bon endroit, au bon moment, sans stock « tampon » à plusieurs endroits de la chaîne logistique pour absorber les aléas ?
  • Plus largement, c’est la robustesse des processus de pilotage de la supply chain qui sont mis au défi par les pics de consommation, la gestion des flux erratiques, une demande difficile à prévoir, des « à-coups » difficiles à gérer, l’équilibre des flux difficile à maintenir, les niveaux d’activité en « dents de scie », etc.

Enfin, cette crise liée à la COVID-19 a généré un intérêt croissant voire une implication significative des pouvoirs publics dans les flux de marchandises. Approvisionner la population en masques ou en gel hydroalcoolique, faciliter le mouvement de relocalisation ou proposer des services de livraison des commerces locaux sont quelques exemples des nouvelles missions que se sont fixées les pouvoirs publics locaux. Il est encore difficile à ce jour de savoir si cette implication sera durable, mais il ne fait aucun doute que la crise COVID-19 a largement montré l’existence et le fonctionnement des chaînes de valeur.

Il est temps désormais de réfléchir à demain. Bien sûr, les tendances de consommation mentionnées ci-dessus auront modifié les schémas logistiques. Très certainement, les entreprises et les territoires auront davantage intégré les risques et les enjeux liés aux chaînes de valeur, à la nécessité d’arbitrer, d’aligner les stratégies et les actions. Alors sûrement, les besoins de formation en supply chain auront augmentés.

Il reste deux questions en suspens relatives aux effets collatéraux de la crise économique.

  • Premièrement, comment vont se relever ou se transformer les secteurs directement touchés par la crise et les confinements : les compétences indispensables en supply chain seront-elles toujours là ?
  • Deuxièmement, quels sont les effets à moyen terme de cette crise : quels sont les secteurs qui seront finalement touchés indirectement ? quelle sera l’ampleur de la crise politique et sociale qui pourrait suivre la crise économique ?

Transition énergétique, RSE, innovations numériques, solutions logistiques disruptives, nouveaux business models portés par des start-up ingénieuses… : la capacité d’agilité et d’innovation des logisticiens est heureusement grande et l’année 2020, même bouleversée, l’a démontré. C’est confiants que nous envisageons l’année qui vient pour vous accompagner sur l’ensemble des défis à relever.

Elodie, déléguée générale de BSC et Iwen, délégué général adjoint