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Publié le 18 décembre 2020

L’année 2020 se termine. Une année largement marquée par la crise de la Covid-19 pour l’ensemble des citoyens, mais aussi pour les acteurs des chaînes logistiques qui ont dû faire face et s’adapter en temps réel. Approvisionnement des commerces, poursuite des activités industrielles… : la supply chain a largement eu les honneurs des médias. Tout au long de l’année, la revue de presse de Bretagne Supply Chain a mis en avant l’actualité régionale. Outre la Covid-19, cette fin d’année était l’occasion de rebalayer ce qui a fait 2020, pour mieux dessiner 2021.  

Et la Covid-19 débarqua

Face à la crise du Covid-19, les entreprises régionales se sont organisées à marche forcée. Arrêt plus ou moins complet lors du premier confinement pour certains, surcharge de travail pour d’autres, adaptation des productions pour participer à l’effort collectif ou pour trouver d’autres marchés… : chacun a fait face.

Certaines entreprises ont dû s’adapter pour faire face à une augmentation de leur activité, à l’image des entreprises spécialisées dans le secteur médical. Hill Rom (Pluvignier, 56), fournisseur de matériel médical et chirurgical, a assumé un afflux de commandes venues de toute l’Europe. Pharmaouest (Miniac Morvan, 35), fabricant de dispositifs d’aide à la prévention des escarres, a fait face grâce à la mobilisation du personnel. Sur le pont, les professionnels de la logistique du Groupement d’intérêt public (GIP) Bretagne santé logistique (Lorient, 56) sont restés mobilisés, notamment pour approvisionner les établissements médicaux du territoire.

L’agroalimentaire a aussi dû faire face à la demande des citoyens confinés, au point, à titre d’exemple, de contraindre l’usine Filet bleu de Saint-Evarzec (29) à réorganiser sa production. En cette fin d’année, c’est au tour des colis et du e-commerce de poser la question du juste dimensionnement d’une filière logistique déjà mise à rude épreuve par le premier confinement.

Dans tous les secteurs, les premiers mois de confinement ont éprouvé les organisations en place. Beaucoup se sont adaptés pour répondre à l’urgence, ce qui a fait dire à Olivier Clanchin, président du groupe Triballat (Noyal-sur-Vilaine, 35) : « on a produit en plein film catastrophe ». Ce fut notamment le cas de l’agriculture, de la production laitière, de l’agroalimentaire, du transport, de l’artisanat ou de la GMS, devant faire face à l’explosion du drive ou de la demande en produits de première nécessité.

Pour participer à « l’effort de guerre » ou se diversifier, les entreprises régionales ont aussi pour partie modifier leur production habituelle pour se lancer dans la production de gel hydro alcoolique ou de masques, à l’image de Technature (Dirinon, 29), d’Yves Rocher (La Gacilly, 35), de Briochin (Saint-Brandan, 22) ou encore de Socomore (Elven, 56).

Une adaptation et un effort collectif de l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique qui a forcé l’admiration des dirigeants bretons. « Je suis bluffé par l’intelligence collective dont fait preuve toute l’entreprise », pour Nicolas Garnier, patron du Groupe Garnier à Loudéac (22) qui a su compter sur une mobilisation collective de ses salariés pour maintenir ses activités de transport de marchandises, de logistique et de conditionnement. Pour Patrick Lahaye, pdg de Lahaye Global Logistics : « La filière transport a un rôle sociétal à jouer ». Pour Bruno Hug de Larauze, président du groupe de logistique industrielle Idéa : « C’est un devoir citoyen pour les entreprises d’essayer de trouver des solutions à la crise ».

La crise a aussi mis en exergue l’impérative nécessité d’avoir une supply chain structurée et agile pour les entreprises régionales. En pleine expansion, Coraxes (22) appréhendait ainsi de devoir cesser son activité en cas de rupture de la chaîne logistique. Polyform Concept Métal (Inzinzac-Lochrist, 56) a pris de nombreuses mesures et repensé son organisation pour assurer l’avenir. La plateforme Breizh PR (Rostrenen, 56), de son côté, s’est adapté pour livrer ses pièces détachées aux garagistes bretons. En dépit d’une fermeture de ses 26 boutiques pendant le confinement, la PME de Saint-Philibert (56) Papa pique et maman coud a été conforté par ses choix logistiques et cross-canaux. 

« Bien malin qui peut dire à quel moment l’économie va repartir », estimait Jean François Garrec, président de la CCI Bretagne et de la CCIMBO Quimper. Face à la crise, le réseau Neopolia a déjà lancé un challenge « relocalisation » pour ses membres et les  industriels nantais se sont engagés à se relancer sur des projets « écologiques et responsables ». A Saint-Nazaire, la logistique industrielle jouera la carte de la mutualisation pour la sortie de crise.  

Une Bretagne solidaire

La crise du Covid-19 a aussi mis en lumière la solidarité des acteurs bretons. A titre d’exemple, durant le confinement Kertrucks, distributeur de la marque Renault Trucks dans l’Ouest (45 sites), a installé des food trucks pour régaler gratuitement les chauffeurs. Pour venir en aide aux chauffeurs routiers délaissés sur les routes en ces temps de confinement, l’entreprise de transport Rault (Saint-Thuriau, 56) a mis à leur disposition sanitaires et machines à café.

Outre ces exemples, tout au long de l’année, l’épidémie de Covid-19 a suscité un fort élan de solidarité qui s’est mis en place de façon spontanée. A noter le récent don de plus de 10 000 produits à la Croix Rouge par le groupe DistriCenter (Saint-Aubin-du-Cormier, 35).

Une crise accélératrice des nouvelles tendances de consommation

E-commerce, vrac, magasins à la ferme, click&collect… L’évolution des tendances de consommation de fond a accéléré de manière exponentielle tout au long de l’année 2020.

Le retour de la consigne : certains y croient ! A l’image de Biocoop, UZAjE et Triballat qui se sont associés pour l’ambitieux projet ZeroWest destiné à supprimer les emballages jetables ou recyclables. C’est aussi le cas d’En Boîte le plat, qui propose d’utiliser des boîtes consignées au lieu d’emballages jetables pour la vente à emporter dans les restaurants de Rennes (35). Installée sur Rungis, Pandobac, qui propose aux grossistes et aux fournisseurs une solution de livraison plus écologique et économique que les emballages jetables, vise désormais la Bretagne.

Confinements obligent, la livraison à domicile a aussi explosé. A titre d’exemple, les ventes et livraisons à domicile de produits surgelés ont fortement augmenté, créant une hausse importante d’activité des entreprises spécialisées bretonnes comme Argel et Gellik

Les industriels ont aussi misé sur la vente directe, à l’image de la champignonnière Lou qui a créé un site web de vente directe de ses produits bio ultra-frais. C’est aussi le choix fait par le groupe Jean Hénaff (Pouldreuzic, 29), qui a lancé un site de vente en ligne et étendu son réseau de boutique Hénaff & Co, du grossiste en boissons Cozigou (Plouisy) qui a ouvert ses entrepôts bretons au grand public ou des biscuiteries Traou Mad et Gavottes qui se sont adaptées en ouvrant un service de drive. 

L’explosion du click&collect durant le deuxième confinement a aussi été le marqueur de la digitalisation à marche forcée du commerce. Pour soutenir les commerçants, les CCI de Bretagne ont soutenu la solution développée par le groupe La Poste et la plateforme « Ma Ville Mon Shopping ». A Vannes, la start-up Mouveo a lancé la marketplace Oncommande.fr. L’intérêt : acheter en ligne dans tous ses commerces vannetais sur un même site internet puis aller les retirer dans les boutiques sans faire la queue. Lorient Agglo a aussi ouvert sa plateforme gratuite pour soutenir le commerce de proximité dans tout le territoire. 

Le vrac est aussi une tendance forte de l’année 2020, même si la crise sanitaire a questionné les consommateurs. Day by day a ainsi annoncé l’ouverture d’un espace marchand couvert de 300 m² regroupant tous les métiers de bouche près de Rennes (35) et d’une épicerie 100% vrac à Quimper (29). À Redon, l’enseigne zéro déchet Culture vrac a ouvert une deuxième boutique dédiée à la droguerie et à l’entretien. 

Enfin, l’année 2020 a été marqué par une accélération de la prise de conscience des consommateurs sur leurs modes de consommation. Pour preuve, Ecodis, à Saint-Nolff (56), continue de grandir. La start-up rennaise Viji a ainsi lancé une application qui permet au consommateur de connaître l’origine des vêtements qu’il achète. Les usines agroalimentaires se sont digitalisées pour produire différemment et répondre aux exigences des consommateurs en termes de sécurité, qualité, traçabilité et d’impact sur la santé. L’enseigne « Nous anti-gaspi », lancée en 2018, a poursuivi son développement et inauguré sa seconde épicerie parisienne à Montparnasse et ouvert deux nouveaux points de vente dans l’Ouest. L’enseigne Espace Emeraude, spécialisée dans les biens d’équipements du jardin et de la maison, a entamé une mutation qui l’entraîne vers le digital et la réparabilité, forte de l’expérience acquise depuis le début de la crise sanitaire. Enfin, Eureden a installé des stands de produits locaux dans ses magasins.

Mais cette année a aussi été marquée par l’explosion du e-commerce. Avec les confinements, les achats en ligne sont en forte hausse. Résultat, la plateforme régionale de La Poste, au Rheu (35) a traité 30 % de colis en plus depuis mars. A Ploërmel (56), l’entrepôt de l’entreprise Le Ray est devenu un lieu de retrait de colis pour l’enseigne de e-commerce Cdiscount et il sera désormais possible de récupérer des colis à la plateforme services-courrier-colis de La Poste à Hennebont (56). Un nouveau service mis en place en réponse à la crise sanitaire liée au Covid-19.

La Bretagne en circuit court

S’approvisionner auprès de producteurs locaux ou se faire livrer en circuit court : la tendance s’est amplifiée en réponse aux confinements et aux interdictions de circulation. Là encore, les entreprises et les producteurs se sont adaptés.

Annuaire des services, plate-forme de co-livraison et co-stockage, site reliant producteurs et consommateurs… De plus en plus, les outils numériques ont facilité la mise en relation des acteurs des circuits courts. En Ille-et-Vilaine, les agriculteurs de l’association Comptoirs Paysans ont ouvert un site d’achat en ligne de paniers locaux avec drive et service de livraison. Le premier confinement a multiplié son activité de vente à la ferme par quatre ! Pour offrir à sa clientèle une plus large gamme, Marc Le Verge vient d’ouvrir un magasin, en aménageant une grange en plein coeur de sa ferme, à Bodilis (29). Dans les Pays de la Loire, le Conseil régional des Pays de la Loire finance et coordonne avec la Chambre d’agriculture le développement de boutiques en ligne pour les producteurs de produits frais dont les circuits de distribution sont actuellement fermés.

Talon d’Achille de la vente en circuit court, la logistique fait aussi sa mue. A Brest (29), l’entreprise Ty Drive permet de faire ses courses en ligne (Click) et de venir récupérer son panier (Collect) garni d’articles alimentaires et non alimentaires issus du Finistère. Grâce à un système de colivraison et de fret indépendant, La Charette développe les échanges de produits locaux entre producteurs et acteurs de l’alimentaire. Pour diminuer les coûts logistiques, à Plouigneau (29), Isabelle et Jean-François Montreer misent sur la plate-forme de co-livraison et de co-stockage Coclicaux. Côté transport, 3BS (Ergué-Gabéric, 29) a proposé la livraison à domicile de produits locaux en direct du producteur.  

Côté GMS aussi, ça bouge. Carrefour a lancé son engagement « Kilomètre zéro » et met en place un contrat-type qui permettra à chaque magasin d’accélérer la mise en place d’un approvisionnement en circuit ultra-court, notamment en fruits et en légumes très frais. 

Si la question de la fidélité des consommateurs pour les productions locales après la crise va être regardée de près dans les prochains mois, les territoires, eux, œuvrent sur le sujet notamment au travers des Plans d’alimentation territoriaux (PAT), à l’image des communautés de communes de Bretagne Centre.

La logistique urbaine poursuit ses innovations

Depuis la crise du Covdi-19 et ses différents confinements, l’approvisionnement des villes a fait la Une des médias et les livraisons à domicile ont explosé. Pour y répondre, les professionnels ont innové sur l’ensemble du territoire breton.

La livraison en vélo-cargo a ainsi été mise à l’honneur, que ce soit à Douarnenez (29), à Vannes (56), à Rennes (35) ou encore à Redon (35). Plus étonnant peut-être, à Rennes c’est en canoë que la bière est transportée et à Saint-Malo, les livres et les chaussettes vous sont livrés à cheval.

L’année 2020 a aussi vu l’émergence de nouveaux acteurs comme Vite Mon Marché ou Lokkal à Rennes pour la livraison de produits locaux ou Ximiti, une épicerie robotisée, sans employés, implantée dans le centre-ville rennais. Déjà présente dans 11 métropoles, Urby, la filiale du Groupe La Poste et de la Banque des Territoires, spécialisée dans la logistique du premier et dernier kilomètre, a aussi étendu ses prestations à Rennes. 

Les collectivités accompagnent aussi cette montée en puissance de la logistique, que ce soit à Dinan avec le financement de la livraison de colis pour ses commerces lors du deuxième confinement ou à Saint-Brieuc avec le recrutement d’un « manager de centre-ville ».

A noter aussi, dans l’écosystème de la livraison en ville, le fait qu’une dizaine de livreurs à vélo a décidé de se fédérer en association à Rennes, pour se détacher du système des plateformes de livraison de nourriture dont les conditions de travail se précarisent. 

Des hommes et des femmes au cœur de l’actualité

2020 aura été l’année de la première édition de Let’s GO, l’événement régional des métiers de la supply chain, du transport et de la logistique, co-organisé par Bretagne Supply Chain et l’AFT. L’occasion pour les acteurs régionaux de passer des messages clés qui ont fait mouche : 80 000 salariés en Bretagne (soit 10 % de l’emploi régional), 8 000 recrutements estimés en 2020…

Let’s GO a permis aux entreprises, aux jeunes et aux adultes de découvrir les métiers de la supply chain, et ce sur l’ensemble du territoire breton, que ce soit à Pontivy , à Rennes

L’année a été aussi marquée par les nombreux portraits de professionnels parus dans la presse : Marie-Laure, ancienne assistante logistique chez BIC qui a repris le chemin de l’ESLI à 50 ans, David Cressard, 30 ans, responsable de plateforme logistique chez Loste tradi-France ou Benoît Le Net et Jean-Philippe Dorge, salariés en situation de handicap sur la base logistique Intermarché de Neulliac (56).  

La crise Covid a, pour certaines activités, créé des besoins en recrutement, comme chez Intermarché au mois d’avril. La logistique recrute et de belles histoires sont à raconter. Mais sont aussi à mettre en avant les innovations et les solutions déployées par les entreprises : bien-être et sécurité des salariés chez Kenty , accueil de collégiens chez STEF à Quimper (29), formation des travailleurs en situation de handicap chez les Transports Bellier à Miniac Morvan (35). L’innovation vient aussi des écoles, tel l’exemple de l’immersion européenne des élèves du Lycée des métiers Saint Gabriel de Pont L’Abbé (29).

Pour attirer les talents et les garder, les entreprises misent aussi sur les démarches collectives telles Agil’Agro lancé en Cornouaille pour limiter le chômage partiel ou l’escape game « Arrêt pour l’emploi » qui poursuit son tour de Bretagne, en partenariat avec Transdev, qui avait fait ses preuves à Rennes lors de Let’s GO. 

Les investissements et les projets immobiliers ont continué

La crise Covid a bouleversé la situation économique bretonne mais n’a pas empêché certains investissements de se poursuivre.

De nouveaux sites ont ainsi vu le jour cette année. En Ille-et-Vilaine, la plateforme d’AD Poids Lourds a ainsi ouvert ses portes en septembre à Saint-Jacques-de-la-Lande (35), le groupe Laisné (Morlaix [29] et Rennes [35]) a engagé près d’un million d’euros notamment pour l’acquisition d’un bâtiment de stockage de 800 m², Le Roy Logistique a déménagé sa plateforme de Noyal-sur-Vilaine (35), devenue trop étroite, à Saint-Jacques-de-la-lande (35). Auto Pièces Atlantique – Carmoine a pris possession d’un second centre logistique de 4.500 m2 à Betton (35). Initialement implantée à Lécousse, l’entreprise de menuiseries Atlantem a déménagé dans un bâtiment ultra moderne et automatisé, à Saint-Sauveur-des-Landes (35).  

Dans le Finistère, les équipes de DB Schenker ont pris possession de leur nouvelle agence flambant neuve à Châteaulin (29). De son côté, Guyot logistique a étrenné son site de Plouédern (29), base stratégique de dispersion, suivi et entretien de 42 semi-remorques. A Ergué-Gabéric (29), les Transports Le Goff ont, eux, investi 7 millions d’euros pour une nouvelle plateforme logistique. et Bolloré Logistics a pris possession de sa nouvelle agence.  

Dans le Mobihan, les Transports Rault ont pris position dans une nouvelle plate-forme logistique de 5.200 m2 à Plumelin ,

Plus loin, le logisticien malouins C-Log ouvre deux plateformes logistiques, l’une sur le parc e-Valley (59), l’autre à Poupry (28), pour 60 000 m² d’espace de stockage supplémentaire.

L’année 2021 devrait connaître d’autres livraisons : une nouvelle plateforme de 53.000 m2 pour Lidl à Carquefou (44) (livraison fin janvier), la plateforme logistique de la Sica à Saint Pol de Léon (29), deux entrepôts de stockage de 6 000 m² chacun à Quimper (29) pour Armor-Lux, une nouvelle champignonnière à Landivy (53), ainsi que deux nouvelles salles de culture et une nouvelle zone logistique et de transformation pour le producteur breton de champignons Lou Légumes sur son site historique de Poilley (35), une nouvelle base logistique pour Cadiou à Locronan (29) qui va lui permettre d’augmenter sensiblement ses capacités logistiques, ou encore un nouveau siège social et une plateforme logistique de près de 10.000m2 pour le groupe Comptoir de Bretagne à Pacé (35) (livraison au 1er trimestre 2021).

L’année 2020 a été aussi l’occasion de réorganisations, notamment dans le secteur des transports. Après la reprise de la société Conneuil, en Indre-et-Loire, en janvier 2019, et celle des Transports Guyomard (29), Eonnet a ainsi racheté Stav, à Quimper (29). La holding familiale Le Guével a racheté 100 % des Transports Coupé, basée à Dainville (62). Dans le Finistère, TransWest s’est adossé au groupe Bréger. Olivier Yvoir a vendu sa société éponyme, les transports Yvoir et logistique, aux Transports Groussard, à Fougères (35). De son côté, le groupe Rouxel a repris l’entreprise spécialisée dans le transport de bennes STT, implantée à Aron, un rachat suivi d’une seconde acquisition : les Transports Garnier, basés à Ernée (53).

Enfin, l’été a été favorable au groupe malouins Beaumanoir dont l’offre a été retenu pour la reprise de l’enseigne de vêtements à petits prix « La Halle » et BAM, le spécialiste breton de l’emballage industriel, a racheté la société Gesflux basée à Plérin (22) et dispose désormais d’un entrepôt dans le nord de la Bretagne. 

Le transport maritime à la voie commence sa course au large

Le transport maritime à la voile a fait la Une de la presse régionale cette année grâce aux acteurs innovants de l’Ouest. Engagement de chargeurs, lancement de différents chantiers de voiliers… : l’actualité a été chargée. Ainsi, TOWT a annoncé avoir convaincu une douzaine de chargeurs dont Cemoi, Belco, Longueteau et Ethix Drinks et mettre en chantier son premier voiliers-cargos, avec l’objectif d’une mise à l’eau courant 2022. En attendant d’avoir ses propres navires, TOWT continue, via ses partenaires affrétés, de faire transporter vin, cidre, café et autres produits par la mer. Depuis sa création il y a une décennie, l’entreprise finistérienne a déjà transporté plusieurs centaines de tonnes de cacao, alcools, vins, principalement entre l’Hexagone et les Caraïbes grâce à des vieux gréements.

De son côté, Neoline peut compter sur Bénéteau, Manitou, Renault mais aussi le cognac Hennessy. L’armement s’est engagé auprès de ses clients à lancer deux cargos à voile début 2023 sur une ligne aller-retour entre Saint-Nazaire, Saint-Pierre et Miquelon, Halifax et Baltimore.

Enfin, Grain de Sail a réceptionné en fin d’année sa première goélette cargo de 22 m et a pris la mer. Le voilier suivra une boucle de navigation transatlantique import/export et ne quittera donc pas la Bretagne à vide. Deux fois par an, il exportera des vins français bio vers New York et rapportera une partie des matières premières bio d’Amérique centrale et des Caraïbes.

Si Grain de Sail, TOWT et Neoline ont trusté les médias, les initiatives du Klevia, de Blue Schooner Company ou de Néolithique 2.0 ont aussi eu l’honneur des médias.

Et Amazon annonça son arrivée dans l’Ouest

Ça a été le serpent de mer de l’année 2020 : Amazon allait-il s’implanter dans le Grand Ouest ? Après des semaines de questionnement autour d’un terrain vendu par Quimper Bretagne Occidentale pour une activité logistique à Briec (29), les rumeurs de l’arrivée de l’entreprise ont couru durant les premiers mois de l’année et le dossier est devenu politique aux détours des élections municipales avant une confirmation de la nouvelle équipe municipales en septembre.

La levée de bouclier n’a pas tardé sur le territoire quimpérois, qui a imposé aux dirigeants français de l’entreprise américaine de venir expliquer leurs projets. « La nature a horreur du vide, Amazon aussi » selon ses dirigeants qui promettent « un projet vertueux » à Quimper. Le projet, qui doit voir le jour fin 2021 et qui sera complété par l’installation d’un entrepôt robotisé de 185 000 m² à Montbert (44), n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre dans les prochains mois. Ainsi, pour le sociologue Vincent Chabault, invité à l’automne à Quimper pour un colloque organisé par la Technopole Quimper Cornouaille : « On ne peut pas imaginer une ville sans magasins ». De son côté, le fabricant de vêtements Armor-lux avoue « vendre aussi sur Amazon, en France et en Allemagne », en complément de son propre site Internet.

Outre les questionnements sur l’arrivée en territoire breton du géant du e-commerce, les questions d’accessibilité des activités logistiques sur les différents territoires se font jour. Artificialisation des sols, impact sur l’emploi… : les questions émergent notamment auprès des élus et des riverains. Pour exemple, le déménagement de l’entreprise Malherbe à Rosporden à qui l’agglomération a promis un terrain de 17 hectares. Un intérêt pour les activités logistiques qui a pourtant porté chance au Kreiz-Breizh avec les implantations de Breizh PR et Distrivert et à Saint-Gérandavec l’arrivée d’Intermarché.

Une Bretagne en transitions

La transition énergétique du monde du transport a connu une année forte en Bretagne.

Le réseau d’avitaillement en GNV a poursuivi son déploiement avec de nouvelles stations notamment à Vern-sur-Seiche (35), à Saint Gérand (56) et bientôt à Quimper (29).

Les acteurs bretons ont affiché leur volonté d’avancer sur la question, que ce soit le Groupe Perrenot, qui a signé une charte sur la transition énergétique avec l’enseigne Lidl, l’entreprise Devaud (réseau Le Saint) qui a affirmé son engagement pour le GNV, Yves Rocher qui s’est engagé dans le dispositif FRET21, les Transports Le Goff qui ont choisi le biodiesel, ou encore Eureden qui prend un virage « vert ».

L’hydrogène a aussi fait la Une de l’actualité régionale notamment avec la publication de Feuille de route de la Région et le lancement d’appels à projets, mais aussi dans les territoires avec les projets locaux évoqués à Saint-Brieuc et à Vannes .

Si transition il y a, elle est aussi numérique. 2020 n’a pas échappé à la règle avec des projets importants. Revue de presse non exhaustive… Sur les routes, le projet SCOOP a permis de déployer 500 km de routes connectées en Bretagne permettant aux usagers d’être instantanément informés de l’état de la route, du moindre danger qui apparaît devant, de tout ralentissement et autre freinage d’urgence. A l’occasion de Let’s GO, BSL (Bretagne Service Logistique), ses 320 collaborateurs et sa vingtaine de robots ont été mis à l’honneur. TICATAG et sa technologie 0G ont aussi eu les honneurs de la presse pour son projet de suivi des remorques de COLISSIMO. A Lannion, DCbrain a remporté un hackathon de la Commission européenne. La SICA Kerisnel a digitalisé sa fonction transport pour faciliter l’automatisation de tâches comme le contrôle facturation et la planification des flux. TIMAC AGRO a digitalisé son pool transport grâce à un TMS de planification et d’optimisation de tournées. Enfin, la cidrerie Kerné a optimisé sa gestion de stocks avec l’installation de couloirs dynamiques sur un système LIFO « dernier entré, premier sorti », accompagné d’un afficheur Led d’état du stock.

Ferroviaire et maritime en forme

Même si les transports bretons sont très majoritairement réalisés par la route, les modes alternatifs que sont le ferroviaire et le maritime cherchent à tirer leur épingle du jeu.

Ça bouge dans le ferroviaire. Ainsi, cette année, Brittany Ferries a annoncé se lancer dans le ferroutage, en partenariat avec Ports de Normandie. L’entreprise mettra en place un nouveau service intermodal à compter du printemps 2021 et réfléchit à l’étendre à d’autres liaisons à l’avenir. Côté activité, tout va bien pour Rennes Terminal, qui profite des travaux du Grand Paris via l’expédition d’éléments des futurs RER Eole et métro franciliens, et pour le groupe Millet, loueur parisien de wagons de marchandises, qui a acquis l’activité de transport d’agrégats et produits de carrières de Colas Rail. Côté réseau, l’année a été marqué par la réfection de la ligne ferroviaire Vitré-Gérard, reliant la gare de Vitré au site de la Cooperl, à Montreuil-sous-Pérouse. Un développement important pour le groupe coopératif qui privilégie le fret ferroviaire pour l’approvisionnement de ses matières premières agricoles. 

Pour le maritime, les ports bretons ont aussi fait l’actualité, notamment le port de Lorient (56) dont l’activité en 2019 lui a permis de passer devant Brest (29). Dans la cité du Ponant justement, un cargo, avec à son bord 10000 tonnes de ferraille, a rejoint la Turquie durant l’été. Une première pour Guyot environnement et un port breton. Le maritime est aussi resté sur le pont durant la crise pour approvisionner les îles, à l’image de la barge de Bréhat. Dans les Pays de la Loire, Pour développer les ports et favoriser la création d’emplois et les investisseurs, l’État et la Région se sont unis pour créer un plan d’aide à hauteur de plus de 6 millions d’euros.