Feuille de route logistique en Bretagne : décrypter l’axe « Compétitivité »

La Feuille de Route de la Mobilité des Biens et des Marchandises en Bretagne a été officialisée en novembre 2025. Elle est le fruit d’un diagnostic partagé entre les parties prenantes et d’enjeux structurants pour le territoire breton. Elle présente également des actions concrètes menées (ou à mener) par les parties prenantes. Quatre axes structurent les 30 actions : connaissances, compétitivité, décarbonation, territorialisation. Voici un focus et un décryptage des 5 actions composant l’axe « Compétitivité ».

La Feuille de Route de la Mobilité des Biens et des Marchandises est volontairement ambitieuse. Le sujet est vaste et transversal, les parties prenantes sont nombreuses (Etat, Région, collectivités territoriales, professionnel.les des métiers logistiques). C’est donc tout un écosystème qui doit faire évoluer ses pratiques sur plusieurs pans en parallèle pour :

• Améliorer la compétitivité des entreprises et du territoire breton
• Décarboner les activités de transport et de logistique
• Territorialiser davantage la logistique

Logistique en Bretagne : les enjeux de compétitivité 

La Bretagne est éloignée par la route des grands pôles de consommation français et européens. Cela impacte directement la compétitivité. Par rapport à la moyenne nationale, les industriels et distributeurs bretons supportent des coûts de transport majorés de +8%. La logistique est un levier de compétitivité, notamment pour l’industrie bretonne. Essentielle à toute activité économique mais aussi à toute zone habitée, elle pèse 10% de l’activité économique, 11% des emplois. Ces métiers, pour moitié rattachés au secteur transport et logistique, se transforment rapidement. Ils se professionnalisent pour faire face à la complexité croissante : crises et gestion de risques, digitalisation, innovations technologiques, exigences réglementaires et environnementales…

Il s’agit donc de relever collectivement les défis suivants :

• Anticiper l’augmentation prévue de la demande de transport
• Accompagner les démarches d’innovation des entreprises et des filières pour optimiser les chaînes logistiques (relocalisation, projets collaboratifs et collectifs…)
• Accélérer la montée en compétences des entreprises bretonnes et des filières : transition écologique, évolutions technologiques et numériques, nécessaire professionnalisation de la logistique
• Améliorer les conditions de travail et l’attractivité des métiers pour anticiper les conséquences du déséquilibre de la pyramide des âges

Compétitivité de la logistique bretonne : le diagnostic partagé

La Feuille de Route souligne les atouts majeurs dont dispose la Bretagne en termes de compétitivité logistique. Des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires globalement performantes, un écosystème de l’innovation efficace, une offre de formation aux métiers bien répartie géographiquement, etc.

Mais les métiers de la logistique souffrent encore d’un manque d’attractivité, en Bretagne comme au niveau national. Les salaires restent relativement bas. Les conditions de travail sont dégradées : 2 fois plus d’accidents du travail en transport/logistique en France que la moyenne, tous secteurs d’activités confondus). Enfin, la pyramide des âges dans ces métiers est alarmante. Le nombre de jeunes entrants ne parvient pas à compenser les départs en retraite.  

Dans les entreprises, les capacités financières dédiées à l’innovation sont faibles. En parallèle, la logistique est encore uniquement un poste de coûts dans certaines entreprises. Il semble judicieux alors de développer les compétences en supply chain. L’objectif du supply chain management est en effet de mieux servir les clients pour un moindre coût.

Les infrastructures de transport routier sont plutôt efficaces. Mais la performance du fret ferroviaire et maritime pourrait encore progresser. Les chargeurs sous-utilisent aujourd’hui les offres ferroviaires ou maritimes. Elles sont souvent peu connues, parfois plus chères que la route ou mal adaptées aux besoins. Enfin, le réchauffement climatique menace les infrastructures et les activités logistiques : inondation, sècheresse, risque de submersion…

Les 5 actions pour la compétitivité bretonne

L’axe « Compétitivité » de la Feuille de route distingue 3 piliers :

• Organiser les flux (actions 6, 7 et 8)
• Adapter les emplois et les formations (actions 9, 10, 11 et 12)
• Garantir la résilience du secteur (action 13)

Action 6 / Faire évoluer les modèles logistiques qui pénalisent la péninsule bretonne

La Bretagne subit certains modèles logistiques inadaptés à son territoire qui l’empêchent de réduire les coûts et les impacts environnementaux. Au moins deux leviers sont à activer :

• d’une part, assouplir les flux tendus grâce à une meilleure planification, moins de livraisons fractionnées et plus de stockage adapté
• d’autre part, développer l’économie circulaire par le réemploi, la réparation, le lavage ou le recyclage. Cela permettra de soutenir la relocalisation et la souveraineté économique (ex : matières premières en tension).

Ces transformations nécessitent une mobilisation collective des filières (agroalimentaire, BTP-matériaux…) et des métiers logistiques. La préservation de la compétitivité des entreprises bretonnes passe par des pratiques partagées et durables.

Action 7/ Rationaliser les flux de marchandises en optimisant les flux d’informations (intelligence artificielle, interopérabilité…)

La diversité des processus et la confidentialité des données entre entreprises freine l’optimisation des flux de marchandises. La digitalisation et l’intelligence artificielle offrent des solutions prometteuses pour améliorer l’échange d’informations. L’objectif est de faciliter l’interopérabilité des outils informatiques tout en garantissant la confidentialité des données via un tiers de confiance. Un outil numérique pourra être développé pour accompagner cette démarche. Les bénéfices économiques et environnementaux illustreront les réussites exemplaires.

Action 8/ Soutenir l’émergence de solutions bretonnes pour une logistique durable et efficiente

La logistique bretonne doit s’appuyer sur des solutions innovantes, adaptées et accessibles, développées localement au sein d’un écosystème structuré. L’objectif est de poursuivre le soutien des projets répondant aux besoins réels, en facilitant leur validation et utilisation par les acteurs locaux. La communication et la valorisation de ces solutions sont essentielles pour leur adoption. Ces démarches seront intégrées dans les documents cadres.

Action 9 / Accompagner et/ou former les entreprises (PME dans l’industrie et la distribution surtout) sur les fondamentaux de la supply chain et accompagner l’évolution des métiers

Les entreprises bretonnes doivent renforcer leurs compétences en supply chain pour rester compétitives et répondre aux évolutions technologiques et environnementales. Un double enjeu se pose : former davantage de professionnels et suivre l’évolution rapide des métiers. L’action vise à sensibiliser les PME, faciliter l’accès à la formation, et proposer des outils d’accompagnement adaptés. Bretagne Supply Chain jouera un rôle clé en animant une communauté, en partageant les savoirs et en anticipant les besoins.

Action 10 / A un niveau local, mieux connaître les métiers logistiques et identifier les besoins en compétences et en emploi

Les métiers de la logistique, de la supply chain et du transport représentent une part importante de l’emploi en Bretagne. Elle dépasse le seul secteur transport & logistique. Pour soutenir la performance industrielle, il est essentiel de mieux connaître ces métiers et les besoins en compétences au niveau local. L’action vise à

• affiner les données existantes,
• intégrer les métiers hors branche Transport,
• renforcer l’observation régionale
• mieux faire connaître les formations disponibles

Des démarches locales appuyées sur les réseaux existants permettront de structurer cette connaissance.

Action 11 / Améliorer l’attractivité des métiers logistiques dans une vision globale à l’échelle régionale

Les métiers logistiques, pourtant essentiels et variés, restent peu connus. Ils souffrent d’un manque d’attractivité, notamment auprès de publics en orientation ou en reconversion. De nombreuses démarches existent déjà en Bretagne pour les promouvoir, mais elles gagneraient à être mieux coordonnées. L’action vise à

• soutenir les initiatives locales des entreprises,
• mutualiser les efforts des fédérations et collectivités,
• valoriser plus largement ces métiers à travers des contenus, événements et partenariats.

Action 12 / Améliorer les conditions de travail, en développant notamment la culture santé-sécurité au travail dans les activités logistiques

Les métiers logistiques présentent un fort taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Cela nuit à la santé des salarié·es, à l’attractivité des métiers et à la compétitivité des entreprises. Des dispositifs existent, mais leur méconnaissance ou leur inadéquation limite leur impact. L’action vise à renforcer la culture santé-sécurité dans les activités logistiques, y compris aux interfaces client-fournisseur. Elle passe par une meilleure coordination des dispositifs, une promotion accrue des formations, et la diffusion de bonnes pratiques.

Action 13 / Limiter et prévoir l’impact des aléas climatiques sur les activités logistiques

Face à l’augmentation des risques climatiques en Bretagne, les activités logistiques doivent être mieux intégrées dans la Stratégie Régionale d’Adaptation au Changement Climatique (SRACC). L’objectif est de

• sensibiliser les entreprises et collectivités aux impacts des aléas (inondations, submersions, sécheresses)
• définir des actions adaptées à partir du diagnostic de vulnérabilité régional.

Un groupe de travail dédié évaluera les infrastructures les plus exposées et cartographiera les zones logistiques les plus résilientes.

« Compétitivité » : des actions essentielles pour les entreprises et les territoires

L’axe compétitivité se décline en 8 actions. Ces dernières sont bien évidemment liées aux axes « connaissances », « décarbonation » ou « territorialisation ». Certaines de ces actions sont nouvelles, d’autres sont déjà menées partiellement ou en totalité par les parties prenantes. L’enjeu de la Feuille de Route est bien de coordonner les efforts pour en maximiser l’impact.

Je découvre les actions des autres axes

Rendez-vous le 20 janvier 2026 pour la 3^ème Conférence régionale de la logistique

La feuille de route de la mobilité des biens et des marchandises sera au cœur de la prochaine Conférence Régionale de la Logistique, qui se tiendra le mardi 20 janvier de 9h à 14h à Rennes (lieu à préciser).