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(Re)localisations en Bretagne : plus de 130.000 emplois à la clé ?

Publié le 27 avril 2021

Le réseau Produit en Bretagne a fait réaliser une étude portant sur « les relocalisations et localisations » envisageables en Bretagne. Résultat : un potentiel identifié de 132.000 emplois. Une base de travail que le réseau met au pot commun pour que l’ensemble des acteurs régionaux s’en saisissent.

La commande du réseau Produit en Bretagne au cabinet Goodwill Management, qui a réalisé l’étude, était simple : « quelles Relocalisations peut-on envisager en Bretagne à horizon 2030 ? ». « Il était indispensable de prendre un peu de recul », détaille Loïc Hénaff, président du réseau Produit en Bretagne. « Face à la crise, nous avons décidé de lancer une vaste étude sur le potentiel de localisation et de relocalisation en Bretagne. Jamais ce travail n’avait été fait transversalement ». Pas question cependant pour le Président de Produit en Bretagne de faire le procès de la mondialisation.

Si la question était simple, y répondre l’a été un peu moins. Compte tenu de la complexité du sujet, l’étude, disponible en ligne, se veut une étape dans la compréhension fine des possibilités de relocalisation en Bretagne. Les auteurs préviennent : il y aura d’autres versions ! « Bien que l’étude présente un réel degré de complexité, celui-ci n’est rien au regard des projets de mise en œuvre qui en découleront ».

Baptisée « Reloc’h », l’étude apporte tout d’abord une réflexion générale sur les relocalisations avec trois dimensions : la nécessaire soutenabilité, le maintien de la compétitivité et la bonne compréhension des mécanismes à l’œuvre dans le domaine des délocalisations. En préambule, pour les rapporteurs, la stratégie de relocalisation devra se faire dans le cadre d’un cahier des charges environnemental exigeant.

Pour les auteurs, « la grande vague des délocalisations est terminée. Nous étions avant la crise sanitaire sur un plateau et sommes certainement actuellement au début d’une vague inverse ». Plusieurs raisons sont avancées. Depuis 1990, les coûts de production ont fortement grimpé dans les pays émergents. Par ailleurs, la distance crée de nombreux coûts cachés (transport, coûts du stock, délais d’acheminement …). Enfin, l’étude présente « les déçus de la mondialisation » pour des raisons de qualité des produits livrés. « Les écarts de coûts de production ont fondu. Nous sommes arrivés à un stade où beaucoup de choses deviennent relocalisables car les écarts de coûts de production sont devenus assez faibles », estime Alan Fustec, président de Goodwill Management.

Un Breizhness-Game à 100 000 emplois !

La seconde partie de l’étude vient ensuite identifier le potentiel de relocalisation en Bretagne. A partir de données d’entrée multiples et d’entretiens avec les acteurs régionaux, le cabinet a étudié plus de 580 secteurs économiques et concentré son effort sur 188 d’entre eux. Il a également étudié les axes qui semblaient prioritaires pour des localisations. Alan Fustec détaille : « En Bretagne, tous les ans, on importe à peu près pour 800M€ d’huile et de graisse et on en export pour 300M€. En première lecture, vous avez l’impression qu’il y a une forte possibilité de relocaliser. Sauf que l’on importe des tourteaux de sojas et de l’huile de palme et que l’on exporte beaucoup de graisse de porcs. Au final, on arrive à une capacité de relocalisation qui est très faible ».

L’étude aboutit à un potentiel de relocalisation industriel important en Bretagne, à hauteur de 2,5 milliards d’euros (soit 1,7 % du PIB du territoire étudié) et 60.000 emplois soutenus (directs, indirects et induits). « On importe des légumes, des ovoproduits, du poulets… Beaucoup de secteurs peuvent relocaliser », détaille Alan Fustec. L’étude met ainsi en évidence que de très nombreux achats peuvent être relocalisés en Bretagne comme par exemple les PAI (produits alimentaires intermédiaires), les importations de légumes, les ovoproduits, les emballages ou encore les importations de lait, le beurre, le sel. De grands chantiers sont aussi à ouvrir pour réussir une stratégie de relocalisation de secteurs entiers : la construction et la réparation aéronautique, le traitement des déchets non dangereux, l’informatique, l’électronique embarquée et les télécoms, les engins de levage et de manutention, la plasturgie, l’emballage ou encore les équipements de l’agroalimentaire et de l’agriculture.

L’étude identifie également un potentiel de localisation (ou de développement) important, notamment pour les secteurs de l’énergie, des biomatériaux et des composites, de l’aquaculture ou encore de la recherche), soit 50.000 emplois soutenus.

Enfin, l’étude table sur une forte augmentation du tourisme d’ici à 2030 « si le mouvement est bien accompagné », soit 20.000 nouveaux emplois.

Secteurs d’activité identifiés comme pouvant faire l’objet de (re)localisations et nombre d’emplois associés en 2030

L’étude aboutit ainsi à un potentiel de développement économique important à horizon 2030 : plus 5,3 milliards d’euros et plus 130 000 emplois soit 6% de la population active actuelle.

Pour Loïc Hénaff, « cette étude est une aide à la décision. Nous souhaitons que les collectivités, que les associations, que les entreprises s’en emparent. Ces informations doivent être partagées par le plus grand nombre ».

Des enjeux « supplychain » à ne pas négliger

Si elle n’est pas d’actualité dans l’ensemble des secteurs d’activité, la relocalisation (ou du moins la régionalisation des activités) est aujourd’hui étudiée par les professionnels de la supply chain.

Un fournisseur défaillant, une pandémie mondiale impliquant sites de production confinés et frontières fermées, un Canal de Suez bloqué… : les récents événements challengent la robustesse des chaînes de valeur mises en place par les entreprises et rebattent les cartes des organisations logistiques.

La réflexion sur la régionalisation des activités, au plus près des fournisseurs et des marchés de consommation, permettant de limiter les risques, de travailler sur la durabilité des chaînes logistiques et de répondre aux attentes, certes contradictoires mais fortes, des consommateurs, mérite d’être posée. « On s’attend à ce que tout change en termes de sourcing dans les années à venir » disait Bertrand Chabrier, directeur du développement de C-Log à l’occasion du colloque « Nouveau consommateur, nouvelles supply chains » de Bretagne Supply Chain.

Si le sourcing évolue, les supplychains bretonnes devront évoluer et anticiper ces mouvements de long terme : infrastructures et foncier, tissu industriel et logistique, formations et compétences, achats, création d’écosystèmes d’acteurs… : les chantiers seront nombreux.

Intéressés pour en discuter?

Bretagne Supply Chain entend participer au débat et lancera un travail collectif pour échanger, partager et construire une action collaborative pour répondre aux enjeux associés.

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