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Feuille de route logistique en Bretagne : décrypter l’axe « Territorialisation »

Publié le 21 novembre 2025

La Feuille de Route de la Mobilité des Biens et des Marchandises en Bretagne a été officialisée en novembre 2025. Elle est le fruit d’un diagnostic partagé entre les parties prenantes et d’enjeux structurants pour le territoire breton. Elle présente également des actions concrètes menées (ou à mener) par les parties prenantes. Quatre axes structurent les 30 actions : connaissances, compétitivité, décarbonation, territorialisation. Voici un focus et un décryptage des 5 actions composant l’axe « Territorialisation ».

Feuille de route de la mobilité des biens et des marchandises, Préfecture de Bretagne, DREAL Bretagne, Conseil Régionale de Bretagne

La Feuille de Route de la Mobilité des Biens et des Marchandises est volontairement ambitieuse. Le sujet est vaste et transversal, les parties prenantes sont nombreuses (Etat, Région, collectivités territoriales, professionnel.les des métiers logistiques). C’est donc tout un écosystème qui doit faire évoluer ses pratiques sur plusieurs pans en parallèle pour :

  • Améliorer la compétitivité des entreprises et du territoire breton
  • Décarboner les activités de transport et de logistique
  • Territorialiser davantage la logistique

Territoire de logistique ? Non. Logistique dans les territoires ? Oui ! 

Des industries partout sur le territoire

La Bretagne n’est pas une terre de logistique : sa péninsularité l’éloigne par la route des grands flux d’échanges français et européens. Mais elle est une terre de production soumise à des contraintes logistiques fortes. Elle est notamment la 1ère région agricole française pour la viande et la pêche. Elle compte un grand nombre d’industries agroalimentaires mais aussi par exemple un important réseau d’équipementiers automobiles. Et toutes ces industries sont implantées partout sur le territoire breton. Les efforts pour relocaliser et réindustrialiser viennent mécaniquement accroître des besoins logistiques partout sur ce territoire.

Une croissance démographique certaine mais disparate

La population bretonne croît à un rythme supérieur à la moyenne nationale (3,4 millions d’habitant.es, +0.5% par an). Mais des disparités apparaissent selon les zones géographiques. Les 2 métropoles de Rennes et Brest attirent le plus, ainsi que le littoral. On peut noter également le vieillissement tendanciel et assez marqué de la population bretonne. Le GREF Bretagne annonce 1/3 de seniors en 2070. Les organisations logistiques doivent évidemment tenir compte de l’augmentation des besoins et des disparités géographiques.

Un parc d’entrepôts de petite taille et peu disponible

Les entrepôts en Bretagne sont généralement de petites et moyennes tailles. +60% d’entre eux ont une surface de 5.000 à 10.000 m². Les entrepôts bretons sont occupés :

  • à 65% par des industriels et des distributeurs
  • à 35% par le secteur transport et logistique

Plus de la moitié du parc d’entrepôts bretons est situé dans le bassin rennais. Et c’est aussi là que l’on retrouve une majorité des sièges sociaux des entreprises de transport et logistique, notamment ceux des plus grandes entreprises du secteur. Le parc d’entrepôts a des impacts directs sur la performance économique des industriels et distributeurs bretons. En effet, la qualité du parc, sa disponibilité et sa répartition géographique se traduisent de multiples façons. Par exemple en kilomètres parcourus, en capacité à croître l’activité, en dégradation des conditions de travail, etc.

Les enjeux

Il s’agit donc de relever collectivement les défis suivants :

  • Répartir justement le foncier logistique sur les territoires et créer de nouveaux modèles (implantation, production d’énergie, aménagement)
  • Construire des solutions adaptées à chaque filière et à chaque territoire (logistique urbaine, rurale…)

Territorialisation de la logistique : le diagnostic partagé

Le foncier et l’immobilier logistique au cœur de la territorialisation

Le foncier logistique est évidemment un sujet majeur. La Bretagne a pris une longueur d’avance dans la répartition des surfaces du ZAN entre EPCI. Mais la sobriété foncière demande des efforts aux parties prenantes concernées, collectivités ou entreprises. Et ceux-ci se traduisent bien souvent par des délais et des coûts plus élevés.

Le maillage des entrepôts semble plutôt adapté aux besoins passés, voire actuels. Mais pas forcément aux besoins à venir. Les entrepôts se sont éloignés de leur localisation optimale (économiquement et environnementalement) en raison des coûts. Les loyers continent d’augmenter progressivement avec la tension sur le marché de l’offre d’entrepôts. En Bretagne, le taux de vacance, qui mesure la disponibilité des entrepôts, est l’un des plus bas de France. Celles et ceux qui veulent déménager pour un entrepôt plus récent, plus grand ou plus adapté ne le peuvent pas.

Enfin, le visage de l’entrepôt de demain en Bretagne n’est pas encore défini : quels aménagements ? quelle place à la production d’énergie ? Quelques projets sont dernièrement sortis de terre et indiquent néanmoins des tendances.

La logistique urbaine

Les collectivités bretonnes se sont saisies du sujet et des outils, notamment InterLUD+. Il y a désormais un enjeu pour pérenniser les dynamiques mises en place. Et parfois, on constate un manque de cohérence entre les règlementations bretonnes en matière de logistique urbaine.

La logistique rurale

Encore souvent impensée ou pensée depuis les territoires urbains, la logistique rurale cherche dans de nombreux cas son modèle économique. Le parc de véhicules anciens est significatifs dans les petites villes. Circuits courts, plans d’alimentation territoriale, rapport tendu avec les grandes zones urbaines… la logistique rurale doit continuer de tester, expérimenter et inventer ses schémas.

Le dialogue local public/privé

Le dialogue public/privé à l’échelon local tel qu’il est animé dans les chartes de logistique urbaine porte ses fruits. Les parties prenantes se connaissent, se comprennent mieux et collaborent plus facilement. Des solutions opérationnelles, et pas toujours onéreuses, sont trouvées aux irritants quotidiens. Malheureusement, ce dialogue public/privé n’est pas systématique partout quant il s’agit de fixer certaines règles d’accès (stationnement, horaires, aménagements…). Il pourrait également être bénéfique à la connaissance fine des métiers, des besoins et des compétences localement. Enfin, le dialogue public/privé est une source d’innovations adaptées au territoire. Plus largement, un dialogue régulier faciliterait, fluidifierait et apaiserait les sujets logistiques quand ils apparaissent localement.

Les 5 actions pour la territorialisation de la logistique bretonne

L’axe « Territorialisation » de la Feuille de route distingue 3 piliers :

  • Logistique urbaine et rurale (actions 26 et 27)
  • Favoriser le dialogue public/privé localement (action 28)
  • Organiser la logistique sur le territoire (actions 29 et 30)

Action 26 / Poursuivre les efforts engagés en logistique urbaine (organisation des flux, cyclo-logistique…)

La Bretagne se distingue par des démarches de logistique urbaine durable engagées dans tous ses départements. Cela passe par le dialogue entre parties prenantes (collectivités et acteurs économiques notamment). L’enjeu est maintenant de :

  • pérenniser cette dynamique et de renforcer la cohérence régionale
  • accompagner les collectivités dans leur montée en compétences
  • soutenir le développement de la cyclologistique, en lien avec le Plan vélo régional et les dispositifs nationaux.

Un lieu d’échange à l’échelle régionale permettra de partager pratiques et outils pour une logistique urbaine performante et responsable. On y abordera les sujets d’organisation des flux, de cyclologistique, d’amélioration des conditions de travail…

Action 27 / Engager et soutenir les actions à l’échelle rurale et porter attention aux grands équilibres territoriaux urbain/rural

Les territoires ruraux, marqués par la dispersion de l’habitat et des activités, nécessitent des solutions logistiques spécifiques. On peut penser à des dessertes à la demande, à la mutualisation passagers/marchandises, etc. Il est essentiel d’y expérimenter des services innovants tout en assurant un aménagement équilibré entre zones rurales et urbaines. La coopération entre territoires et la prise en compte des besoins locaux doivent guider ces actions.

Action 28 / Structurer et animer des chartes logistiques locales

La Bretagne affiche une belle dynamique en matière de gouvernance publique / privée de la logistique, avec plusieurs
chartes locales déjà engagées en zones urbaines. Il est essentiel d’étendre ces démarches à tous les territoires, y compris ruraux. L’enjeu est de construire des logistiques durables, performantes et adaptées aux spécificités de chaque territoire breton. L’objectif est de créer des espaces d’échange autour des enjeux logistiques locaux. Ces chartes permettront de partager diagnostics, besoins en emploi, retours d’expérience et leviers d’action pour optimiser et décarboner la mobilité des biens. Elles favoriseront aussi la mutualisation et la coopération entre acteurs économiques et collectivités. La réussite de cette action passe par :

  • une méthodologie claire,
  • la montée en compétences des acteurs locaux (EPCI…)
  • une coordination régionale pour assurer cohérence et suivi.

Un réseau d’animation régional sera notamment créé pour accompagner et valoriser ces initiatives.

Action 29 / Définir le maillage territorial d’entrepôts pertinent intégrant la sobriété foncière

Les entrepôts logistiques jouent un rôle clé dans la performance globale des flux sur le territoire. Dans un contexte de forte pression foncière liée à la loi ZAN, il devient crucial d’identifier, préserver et planifier les bons espaces logistiques. La Bretagne doit se doter d’un schéma territorial des entrepôts. Il doit être fondé sur une cartographie fine des surfaces et une définition claire des besoins futurs. Cette démarche implique un dialogue étroit entre Etat, collectivités, acteurs économiques et Région. L’ambition est bien de construire une vision partagée et d’éviter les concurrences territoriales. Des critères communs devront guider l’implantation des projets. L’objectif : des implantations logistiques durables, accessibles, adaptées aux usages, et intégrées dans les politiques d’aménagement.

Action 30 / Favoriser l’innovation et élaborer des modèles logistiques durables sur les territoires : circuits courts, emballages, déchets…

Les évolutions sociétales et règlementaires (e-commerce, circuits courts, transition écologique, économie circulaire…) exigent une logistique plus innovante et encore plus adaptable. En Bretagne, plusieurs acteurs peuvent soutenir l’émergence de solutions locales durables (réseaux professionnels, EPCI, ADEME…). Les chartes logistiques locales sont un levier majeur pour partager les innovations, identifier les besoins et connecter les acteurs. La désignation de référents logistiques dans les territoires renforcerait cette dynamique. Il est crucial de soutenir la veille, les expérimentations et l’accompagnement des projets innovants (logistique des îles, etc).

« Territorialisation » : des actions essentielles pour les entreprises et les territoires

L’axe territorialisation se décline en 5 actions. Ces dernières sont bien évidemment liées aux axes « connaissances », « compétitivité » ou « décarbonation ». Certaines de ces actions sont nouvelles, d’autres sont déjà menées partiellement ou en totalité par les parties prenantes. L’enjeu de la Feuille de Route est bien de coordonner les efforts pour en maximiser l’impact.

Je découvre les actions des autres axes

Rendez-vous le 20 janvier 2026 pour la 3ème Conférence régionale de la logistique

La feuille de route de la mobilité des biens et des marchandises sera au cœur de la prochaine Conférence Régionale de la Logistique, qui se tiendra le mardi 20 janvier de 9h à 14h à Rennes (lieu à préciser).