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Rennes réfléchit à la logistique de sa première couronne

Publié le 9 avril 2020

L’Agence d’urbanisme et de développement intercommunal de l’agglomération rennaise (Audiar) a mené une démarche prospective sur le développement et la planification de l’agglomération et de sa première couronne à l’horizon 2050.

L’ « anneau métropolitain » en 2050. C’est le point de départ du travail prospectif mené par l’Audiar au travers de l’examen de plusieurs facteurs susceptibles de connaître des modifications importantes et impactantes dans les années à venir. Dix « variables » ont ainsi été analysées au regard des évolutions que l’agglomération risque de connaître dans les trois prochaines décennies : contraintes environnementales, évolutions sociétales, évolutions du monde économique… Des évolutions susceptibles de réinterroger les politiques publiques. Pour chacun de ces sujets (Ville archipel, démographie, habitat, cohésion sociale, mobilités, attractivité économique, logistique, agriculture / paysage, consommation d’espace, coopérations), plusieurs hypothèses d’évolution ont été formulées et seront prochainement présentées aux élus pour dessiner l’avenir de la première couronne rennaise.

La logistique urbaine, maillon essentiel des politiques d’aménagement

La logistique urbaine est une des « variables » étudiées. Pour l’Audiar, plusieurs raisons ont poussé à l’étude approfondie du sujet : l’impact des transports en matière d’émissions de gaz à effet de serre et l’effet de levier important pour les collectivités de l’optimisation de la supply chain locale, l’augmentation quasi-constante du volume de marchandise envisagée d’ici 2050, la polarisation des activités sur le territoire ou encore le fort développement des surfaces logistiques sur la Métropole et au-delà.

Après un diagnostic du territoire vis-à-vis de ces thématiques et une étude des évolutions déjà visibles (évolutions du commerce, positionnement géographique des plateformes, développement des plateformes de consolidation multi distributeurs, consolidation du supply chain management, évolutions de la livraison du dernier kilomètre…), l’Audiar soumet trois hypothèses de travail aux élus.

Hypothèse 1 / Une poursuite tendancielle du développement de la logistique

Pour l’Audiar, la poursuite tendancielle de l’étalement logistique pourrait être guidée par des impératifs économiques notamment un accroissement de la concurrence entre les acteurs. « Ce phénomène de desserrement est guidé par des questions d’abord de coût du foncier. La réduction du poste coût foncier et les gains d’efficience permis par une localisation en périphérie compensent largement le surcroît de coût de transport. Ce mouvement entraîne le transfert des activités logistiques et des entrepôts des zones denses vers les banlieues proches ou lointaines des grandes villes. Les entrepôts aux franges de l’agglomération se déplacent en zones suburbaines et périurbaines et se rapprochent des réseaux et noeuds autoroutiers et des grands hubs intermodaux, notamment aéroportuaires ».

D’après l’agence d’urbanisme, dans ce scénario, l’organisation de la filière est « déficiente ». « La distribution reste fragmentée. La part importante du transport pour « compte personnel » a pour effet le mauvais remplissage des véhicules compensé en partie par la révolution numérique qui permet de rationnaliser une partie du transport de marchandises. Cette dispersion de la fonction logistique a pour corollaire un coût environnemental et humain. Coût environnemental en raison du trafic accru des poids lourds dû à la dispersion des entrepôts et des problèmes de congestion, coût humain avec l’éloignement de salariés modestes de leur lieu de résidence. Le coût de cette augmentation des kilomètres métropolitains de fret due à l’étalement logistique est absorbé par les opérateurs du transport de marchandises ».

Hypothèse 2 / Le retour en ville

Deuxième scénario, « de rupture », proposé par l’Audiar : « Les entreprises logistiques font évoluer leurs pratiques avec, par exemple :

  • un retour en ville avec la conception de centre de logistique important de forte densité sur plusieurs niveaux
  • la conception d’usines nouvelle génération disséminées au coeur des villes qui permettraient une production au plus près des consommateurs finaux
  • une réorganisation de la filière avec la mutualisation des flux, l’optimisation des tournées de livraison, la bonne utilisation de l’espace public dans le cadre des livraisons, les véhicules à faibles émissions polluantes, les alternatives au camion, les stockages et consignes
  • l’apport des nouvelles technologies qui permet la création de systèmes plus rapides, évolutifs et mieux structurés afin d’optimiser la chaîne logistique
  • le renouvellement des pratiques dans le but d’optimiser la logistique du dernier kilomètre avec la livraison des marchandises par des livreurs indépendants, ou par des drones, mais aussi par l’acquisition de sociétés de livraison pour certaines grandes entreprises. »

Ce phénomène serait boosté par la « reterritorialisation » du commerce dans les centres urbains et par les nouvelles pratiques des consommateurs de plus en plus « locavores ».

Hypothèse 3 / Un interventionnisme poussé des collectivités

Troisième scénario étudié par l’Audiar, celui d’un interventionnisme public affirmé. Selon cette hypothèse, sous la contrainte environnementale et celle des habitants, les collectivités s’organiseraient pour réguler la filière.

« L’intervention des politiques publiques porte sur deux aspects de la logistique :

  • sur les véhicules en réglementant la taille des véhicules autorisés et en interdisant les véhicules les plus polluants
  • sur la création ou la préservation d’espaces dédiés à l’activité logistique.

L’intervention des collectivités pourrait aussi permettre de mailler le territoire en réservant des espaces dédiés à la logistique ou en initiant la création d’espace de logistique urbaine de différents niveaux.

Pour l’Audiar, « le modèle économique de ce type d’équipement dépend de la contrainte imposée aux livraisons en ville. Si une initiative volontaire pertinente sur le plan environnement et du service est mise en place, et si, en parallèle, les solutions traditionnelles peuvent continuer à fonctionner sans aucune contrainte, alors le projet nouveau aura du mal à exister sur la durée. »

L’attractivité économique du territoire : beaucoup de questions, peu de certitudes

Un des autres sujets abordés par l’Audiar concerne l’attractivité économique du territoire et l’emploi. Dans ces travaux, l’Audiar pointe les incertitudes auxquelles doivent faire face les décideurs locaux. Quels vont être les impacts du changement climatique et de la transition énergétique sur les filières économiques de la zone d’emploi de Rennes, en particulier pour les IAA ? Quelle est la capacité de résilience du territoire face aux ruptures, mutations et crises potentielles que pourra connaître l’économie mondiale ? Quelle sera la nature des emplois futurs (ubérisation, impacts de l’intelligence artificielle et des robots, évolution du rapport au travail…) ? Les politiques de développement soutenable du territoire peuvent-elles entraver son développement économique ? Où sera l’emploi ? Comment va évoluer la situation de la métropole rennaise par rapport aux autres métropoles de l’Ouest ? Autant de questions qui, là encore, permettent à l’Audiar de proposer trois scénarios pour l’avenir, d’un développement économique diversifié et concentré sur la métropole (Business « as usual ») à une économie bouleversée par le changement climatique et les évolutions de la mondialisation, entraînant une transition « douloureuse » ou fruit d’un choix volontariste.

Au travers de ces travaux prospectifs, l’Audiar réinterroge d’autres éléments constitutifs de la métropole rennaise tels que le concept même de « Ville Archipel », les mobilités, le développement économique et l’emploi ou encore la coopération intercommunale.

Prochaine étape : des scénarios d’évolution seront proposés et débattus avec les élus pour offrir une vision à long terme de l’avenir de la métropole rennaise.