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Quel rôle pour l’aire urbaine de Rennes dans la logistique bretonne ?

Publié le 8 février 2022

L’agence d’urbanisme de Rennes (Audiar) vient de publier un diagnostic sur le fonctionnement et l’organisation de la logistique et des transports sur l’« aire urbaine de Rennes », en se focalisant sur la question de l’accueil des fonctions logistiques. Objectif : établir un premier état des lieux pour dégager une vision d’ensemble du secteur et identifier les dynamiques à l’œuvre.

Un territoire à l’écart des corridors internationaux

En observant les implantations d’entrepôts du Grand Ouest, l’Audiar a mis en évidence la polarisation des espaces logistiques. Ainsi, les 20 premiers EPCI des quatre régions de l’Ouest comptabilisent à eux seuls 42% des permis de construire d’entrepôts entre 2010 et 2019. À l’ouest, les implantations préférentielles des entrepôts se font le long d’un axe A87-A11 (La Roche-sur-Yon / Angers-Le Mans), et en Loire-Atlantique, à proximité de Nantes. En Bretagne, sur cette période, Rennes Métropole et Vitré Agglomération arrivent en tête des territoires ayant autorisé d’importantes surfaces d’entrepôts, tout comme le Centre Bretagne, le long d’un axe nord-sud Saint-Brieuc-Pontivy-Vannes.

Entrepôts autorisés entre 2010 et 2019

Sur l’ensemble du Grand Ouest, l’emploi logistique représente 6% des salariés privés, essentiellement sur les principaux pôles urbains de ces régions. En Bretagne, Vitré Communauté sort son épingle du jeu avec 9% des emplois appartenant à ce secteur, Rennes Métropole étant dans la moyenne régionale (5%).

« L’aire urbaine élargie (AUE) rennaise est située à l’écart des corridors de fret internationaux et accueille peu d’activités liées à une logistique nationale et internationale. La filière logistique bretonne répond principalement aux besoins endogènes de la région et de son tissu économique (matériaux de construction et alimentaire en local, activité agroalimentaire en interrégional).

L’agglomération rennaise est au carrefour des flux Nord-Sud (Le Havre-Caen-Rennes-Nantes) et Est-Ouest (Brest-Saint-Brieuc/Centre-Bretagne-Le Mans-Paris). À ce titre, l’aire urbaine élargie joue un rôle majeur dans le fonctionnement de la logistique bretonne. »

Une « périphérisation » des surfaces logistiques

L’Audiar a étudié les principales zones logistiques de l’aire urbaine élargie pour y déceler les dynamiques en termes de surfaces. En 2015, les trois « zones logistiques denses » des plateformes logistiques de plus de 5 000 m² les plus importants de l’aire urbaine élargie sont situées à proximité immédiate de Rennes et de la rocade : sur la zone de Bruz et Noyal-Châtillon-sur-Seiche (plus de 100.000 m² d’entrepôt de plus de 5 000 m²), au Rheu (environ 100.000 m²) et sur la zone industrielle de la route de Lorient (80.000 m² dont plus d’un tiers lié aux entreprises industrielles). Viennent ensuite Saint-Malo (80.000 m2) et la zone de Chateaubourg / Brécé / Noyal-sur-Vilaine (75.000 m²). Les « zones denses de stockage » de Liffré, Vitré et Fougères sont également importantes et liées pour plus d’un tiers aux entreprises industrielles situées au sein de leurs périmètres.

Au cours de la période 2008-2019, 136 hectares de surface de plancher d’entrepôts ont été autorisés en Ille-et-Vilaine et à Dinan Agglomération. A comparer aux 156 hectares autorisés en Seine-Maritime, 147 en Loire-Atlantique et 95 en Maine-et-Loire. Les entrepôts représentent environ un cinquième des surfaces de plancher de bâtiments d’activités autorisés (hors bâtiments agricoles) sur la dernière décennie. Et ce, sans compter l’emprise foncière non bâtie associée.

Sur cette même période, quatre EPCI de l’aire urbaine élargie rennaise concentrent plus de la moitié des permis de construire autorisés : Rennes Métropole (24%), Vitré Communauté (15%), Saint-Méen-Montauban (10%) et Bretagne-Porte de Loire Communauté (6%). Au sein de l’agglomération rennaise, ce sont principalement les communes situées au sud et à l’ouest qui accueillent ces surfaces supplémentaires : Saint-Jacques-de-la-Lande / Noyal-Châtillon-sur-Seiche, le Rheu, Bourgbarré et Bruz.

Malgré cette concentration à proximité de Rennes, les quatre premières communes en termes de surfaces autorisées au sein de l’aire urbaine élargie rennaise sont Saint-Méen-le-Grand, Erbrée, Montauban-de-Bretagne et Grand-Fougeray. Trois d’entre elles sont situées au sein d’un axe est-ouest passant par l’agglomération rennaise et constitue la principale zone de développement des entrepôts de l’est breton.

En s’intéressant aux permis de construire plus petits de plus de 1.500 m² de stockage, l’Audiar a mis en évidence un phénomène de périurbanisation des surfaces de stockage par rapport à l’agglomération rennaise, ceux-ci s’implantant préférentiellement à l’extérieur de la rocade rennaise, en s’échelonnant le long des axes routiers. Cette « périphérisation » des surfaces logistiques est expliquée par l’Audiar par l’enchérissement des coûts du foncier, qui peuvent varier du simple au double entre les sites les plus recherchés au sud-ouest rennais, et ceux situés à 10 kilomètres de la rocade rennaise.

Des dynamiques d’emploi contrastés

Rennes Métropole accueille 41 % des emplois logistiques de l’AUE, et ceux-ci sont stables sur la période 2007-2019. Sur cette même période, Vitré Communauté a augmenté de 900 ses emplois logistiques (+58%) tandis que Châteaugiron Communauté en perdait (-4%). Les dynamiques sont à la hausse sur les autres EPCI : Liffré Cormier-Communauté (+200 % soit + 300 emplois), Montfort Communauté (+110 % et + 200 emplois), Brocéliande (+100% et + 120 emplois), Val d’Ille-Aubigné (+ 80 % et + 360 emplois), Vallons de Haute-Bretagne Communauté (+ 30 % et + 180 emplois).

Parmi les EPCI de l’AUE certains affichent une forte spécialisation dans l’emploi logistique : Châteaugiron Communauté (1/5 de l’emploi privé), Bretagne-Porte-de-Loire Communauté ou Dol-de-Bretagne-Mont-St-Michel.

Au sein de l’aire urbaine élargie, après une période de relative stabilité entre 2007 et 2014, l’emploi logistique a progressé de 3 % par an en moyenne sur la période 2014-2019 (+ 630 emplois par an). Une augmentation supérieure à celle observée sur les quatre régions du Grand Ouest (2 %) et deux fois plus importante que la croissance de l’ensemble de l’emploi privé sur le territoire.

Une spécialisation géographique

Les entreprises logistiques spécialisées dans l’alimentaire représentent moins de 9 % des établissements de plus de 10 salariés. Cependant, ce secteur compte des employeurs importants avec 20% des emplois. En prenant en compte l’ensemble des entreprises intervenant, même partiellement, sur le marché de la logistique alimentaire, l’Audiar a mis en évidence le fait qu’elles sont nombreuses sur l’axe est-ouest Saint-Méen-Montauban-Rennes-Vitré. La présence importante de la logistique agroalimentaire à l’est de Rennes permet à celle-ci de se rapprocher des grands bassins de consommation français et de réduire les temps de parcours en évitant le noeud rennais. Les territoires situés à l’ouest accueillent aussi une activité logistique importante en lien avec l’agroalimentaire et celle-ci se développe ces dernières années.

Les entreprises dont la logistique industrielle est l’activité principale sont peu nombreuses (moins de 3% des établissements de plus de 10 salariés et 5% des emplois) mais à proximité des principaux pôles productifs, comme la Janais, Fougères et en direction de Paris.

Quelle dynamique pour la logistique de l’aire urbaine ?

Les zones logistiques denses sont principalement situées au sein d’un arc sud rennais, renforçant le rôle et l’importance de cette zone dans le fonctionnement de la logistique de l’agglomération rennaise et de la Bretagne.

L’Audiar observe cependant une « périphérisation » des fonctions d’entreposage dans des sites de plus en plus éloignés de la rocade rennaise, toujours à proximité immédiate des infrastructures routières et de ses échangeurs, comme Pleumeuleuc et Pacé à l’ouest de Rennes, Tinténiac au nord, Bourgbarré au sud, Liffré au nord-est.

Au sein de l’AUE, l’importance de l’activité agroalimentaire bretonne structure fortement les activités de transports et entreposage, que ce soit à l’ouest à Saint-Méen-le-Grand, le long de la N 154 en direction de Paris, ou au sud, au Grand-Fougeray. Ces trois secteurs géographiques ont connu ces dernières années un développement important de leurs entrepôts et affichent un niveau de spécialisation de l’emploi dans le transport-logistique élevé par rapport à leur bassin d’emploi, accentuant les difficultés liées à la main d’œuvre (qualification, recrutement…).

« Au niveau régional, le centre Bretagne devient de plus en plus pertinent pour accueillir une activité logistique agroalimentaire. »

Au Nord de l’AUE, la N 176 passant par Dol-de-Bretagne, Miniac-Morvan, Dinan constitue également un axe logistique, avec la présence d’entreprises du secteur et le développement de surface d’entrepôts ces dernières années.

Saint-Malo et son activité portuaire représentent également un lieu où les activités de logistique et stockage sont bien entendu présentes. Fougères et l’A 84 est également un pôle logistique d’importance, associée à l’activité industrielle présente à proximité et à sa position géographique en direction de la Normandie et du Havre. Des fonctions logistiques sont par ailleurs présentes sur d’autres territoires, en lien avec des implantations historiques (Guipry-Messac) ou avec le fonctionnement économique et démographique du territoire, comme Redon.

Les enjeux logistiques de l’aire urbaine élargie

Selon l’Audiar, le paysage logistique de l’aire élargie devrait poursuivre sa mue pour faire face aux évolutions à l’œuvre : quasi-doublement du transport de fret d’ici 2050, croissance démographique élevée du territoire, évolution des pratiques de consommation, dynamisme économique, pression foncière…

Pour l’Audiar, l’organisation des process industriels va aussi connaître dans les prochaines années une révolution d’envergure : la fabrication des biens spécialisés et personnalisés au prix des produits de masse. « Cette évolution dans la façon de produire va nécessiter une organisation industrielle adaptée, qui entraînera un éclatement de celle-ci et où les échanges (physiques et immatériels) entre entreprises seront au coeur des process de production. La logistique et le stockage joueront donc un rôle de plus en plus central dans la compétitivité des entreprises. Les lieux de fabrication pourront également être plus petits, plus dispersés et pourront s’insérer dans le tissu urbain, nécessitant une nouvelle adaptation des logisticiens. »

Logistique et transport de marchandises dans l’aire urbaine élargie de Rennes – Audiar – Décembre 2021