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Loïc Hénaff : « Il va falloir faire des choix. Faisons-les ensemble ! »

Publié le 26 octobre 2022

En lien avec la Conférence régionale de la logistique qui se tiendra en Bretagne début 2023, Bretagne Supply Chain vous propose de découvrir durant les prochains mois une mise en lumière des travaux de la thèse de Soraya Saadi Cauvin sur le fret alternatif au mode routier en Bretagne. Une thèse réalisée pour le compte de la Région Bretagne et mis en lumière par l’Observatoire Régional des Transports de Bretagne (ORTB). Ce mois-ci : le regard de Loïc Hénaff, président directeur général du Groupe Jean Hénaff et conseiller régional en charge du fret.  

La thèse de Soraya Cauvin se veut comme un premier apport scientifique sur la mobilité des marchandises en Bretagne. Elle propose un état des lieux du système de transport de marchandises breton et met en avant ses particularités. Elle conclut sur la nécessité de faire évoluer le modèle et propose les leviers d’action possibles.

Pour valoriser les apports concrets de ces travaux de recherche, l’Observatoire Régional de Transports de Bretagne en a fait 6 pastilles vidéos inédites présentant le contexte de la logistique en Bretagne, les origines de la thèse, détaillant les particularités du fret breton et les enjeux d’un nouveau modèle pour la Bretagne, la nécessité de construire ensemble un système plus performant grâce aux nombreux atouts bretons.

Ce mois-ci, Bretagne Supply Chain vous propose de découvrir l’introduction réalisée par Loïc Hénaff, conseiller régional en charge du fret et de la territorialisation.

Loïc Hénaff : « La Bretagne a été relativement précurseur, il y a déjà près de 10 ans lors de l’élaboration du plan régional d’action logistique (PRAL). Elle faisait partie des toutes premières régions à s’inquiéter de la mobilité des marchandises et à pouvoir en décliner un premier plan d’actions. Malheureusement, […] les choses ne sont pas allées aussi rapidement que nous aurions souhaité et, […] puis la crise sanitaire venant, et puis les bouleversements géopolitiques en Europe arrivant, nous nous sommes inquiétés du devenir de la mobilité des marchandises en Bretagne. C’est pour cela qu’un travail a été confié à Soraya Cauvin dans le cadre de sa thèse sur la mobilité des marchandises en Bretagne.

La décarbonation est une nécessité absolue aujourd’hui.

La massification, la collaboration, l’évolution des techniques et des savoir-faire des transporteurs et des chargeurs sont des choses qui sont beaucoup transformées ces dernières années. Il était donc absolument nécessaire qu’on ait un état des lieux beaucoup plus précis, beaucoup plus vaste, de la mobilité des marchandises. C’est tout le sens de ce travail qui nous amène[ra] à mener, je l’espère, dans les prochaines les prochaines années des politiques plus fines en matière de mobilité des marchandises

Ayant une carrière de chargeur […] avant d’être conseiller régional, j’ai été très surpris par l’état des lieux brossés par le travail de Soraya Cauvin. J’y ai découvert énormément de choses et c’est en cela que j’appelle mes confrères, [que] j’appelle les décideurs, ceux qui s’intéresse à ces sujets, à se plonger dans ce travail ou, en tout cas, à regarder les synthèses, à regarder les conclusions, parce qu’il y a énormément d’informations qui n’étaient pas disponibles auparavant.

Les choses sont très claires : il y a 150 millions de tonnes, à peu près, qui sont déplacés chaque année en Bretagne. 44% sont des matériaux de construction ou du minerai. C’est énorme. Ces 150 […] millions de tonnes sont transportés essentiellement par camion, à 94,5%. Ce chiffre, je pense qu’avant de le découvrir, je n’imaginais pas à quel point il était élevé (le ferroviaire représente 1% et le maritime 4%). La situation est extrêmement routière, encore plus qu’on ne pouvait le ressentir et puis à 90% elle est fossile.

La massification devient une évidence, la décarbonation par de nouvelles énergies en devient une autre

On a une situation bretonne avec un transport important fort en intra-Bretagne. L’intra-Bretagne représente presque les trois quarts du transport en camion à énergie fossile. Nous consommons, en Bretagne, 38% de notre énergie sur le transport alors que la moyenne nationale est de 33%.

La conclusion […] est simple : la situation est difficile en Bretagne. Elle est même plus difficile que dans les autres régions françaises si nous voulons décarboner nos organisations, notre industrie et donc notre transport. Il va falloir fournir plus d’efforts donc c’est absolument indispensable que nous ayons tous une bonne connaissance de la situation de départ. La situation présentée par le travail de Soraya Cauvin nécessite que nous nous mettions d’accord rapidement sur les quelques axes majeurs de travail. La massification en devient une évidence, la décarbonation par de nouvelles énergies en devient aussi une autre et enfin de nouvelles façons de travailler probablement plus digitalisées. Il va falloir innover plus qu’ailleurs encore. L’effort à fournir en Bretagne va être plus important. C’est bien de le savoir.

Faire des choix

Les principales questions que je me pose aujourd’hui c’est la priorisation : comment allons-nous réaliser tous ces chantiers ? Comment allons-nous à la fois décarboner et activer le report modal ? Quels investissements en recherche et développement pour développer de nouvelles façons de travailler et en même temps nous raccorder au réseau européen rénover le ferroviaire ? Allons-nous réussir à choisir les bonnes normes ? Allons-nous réussir à choisir les bons les bons leviers pour les années futures ? La seule façon, c’est de travailler tous ensemble, c’est travailler de façon très collaborative de façon large pour que nous fassions des choix (qui seront peut-être difficiles parce que choisir c’est aussi se priver) et il faudra faire des choix en matière de transport et de fret dans les prochaines années parce que la Bretagne va en avoir un grand besoin, un vrai grand besoin de transport décarbonés au service de notre industrie et au service de notre péninsularité. [Il] est absolument indispensable que nous travaillons tous ensemble parce que nous ne pourrons pas tout faire. Il va falloir faire des choix. Faisons-les ensemble. »

 

Thèse CIFFRE Rennes II, ESO-CNRS Rennes / Conseil Régional de Bretagne 2022