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Feuille de route logistique en Bretagne : décrypter l’axe « Décarbonation »

Publié le 21 novembre 2025

La Feuille de Route de la Mobilité des Biens et des Marchandises en Bretagne a été officialisée en novembre 2025. Elle est le fruit d’un diagnostic partagé entre les parties prenantes et d’enjeux structurants pour le territoire breton. Elle présente également des actions concrètes menées (ou à mener) par les parties prenantes. Quatre axes structurent les 30 actions : connaissances, compétitivité, décarbonation, territorialisation. Voici un focus et un décryptage des 12 actions composant l’axe « Décarbonation ».

Feuille de route de la mobilité des biens et des marchandises, Préfecture de Bretagne, DREAL Bretagne, Conseil Régionale de Bretagne

La Feuille de Route de la Mobilité des Biens et des Marchandises est volontairement ambitieuse. Le sujet est vaste et transversal, les parties prenantes sont nombreuses (Etat, Région, collectivités territoriales, professionnel.les des métiers logistiques). C’est donc tout un écosystème qui doit faire évoluer ses pratiques sur plusieurs pans en parallèle pour :

  • Améliorer la compétitivité des entreprises et du territoire breton
  • Décarboner les activités de transport et de logistique
  • Territorialiser davantage la logistique

Logistique en Bretagne : décarboner d’urgence ! 

Le transport de marchandises est routier à 94.5% en Bretagne (VS 87.3% en moyenne nationale en 2021). Il est également très dépendant d’énergies fossiles : 99.5% des poids lourds en Bretagne et 99.2% des véhicules utilitaires légers VS 98.8% en moyenne nationale. On estime au niveau national que 16% des émissions de GES sont générées par les activités « fret et logistique ». La planification écologique portée par l’Etat indique que les activités de transport de marchandises porteront 17% de l’effort. Sans devenir prépondérants, les modes alternatifs à la route, le ferroviaire et le maritime doivent se développer en Bretagne. Par exemple, la part modale du ferroviaire est de 9% au niveau national (objectif : 18% en 2030). En Bretagne, elle est de 1.5%… Enfin, les impacts du changement climatique, la réglementation et les attentes des clients finaux soutiennent ce besoin impérieux de décarboner les activités logistiques en région.

Il s’agit donc de relever collectivement les défis suivants :

  • Réduire la très grande dépendance au routier et au gazole. Cela passera par la transition énergétique du routier et par l’équité territoriale dans l’accès aux énergies alternatives
  • Maîtriser la demande en énergie par l’optimisation des chargements et la mutualisation
  • Concevoir des chaînes logistiques décarbonées de bout en bout
  • Développer et maintenir le fret ferroviaire, décarboner et développer le fret maritime

Décarbonation de la logistique bretonne : le diagnostic partagé

Comment décarboner les activités logistiques ?

La Feuille de Route présente 3 principaux leviers pour décarboner ces activités logistiques :

  • L’efficacité et la transition énergétique :
    • Augmenter l’efficacité énergétique des véhicules,
    • Accélérer l’emploi des énergies alternatives au gazole
    • Activer tous les leviers de la sobriété énergétique (comportementale, technique…)
  • Le report modal vers le ferroviaire, le maritime (y compris le vélique) et la cyclologistique
  • L’optimisation des flux
    • Optimiser les chargements (ex: mutualisation)
    • Optimiser et rationaliser les schémas logistiques
    • Relocaliser et réindustrialiser

Et quel est l’état des lieux en Bretagne ?

Pour décarboner, la logistique bretonne peut s’appuyer sur les entreprises. Le tissu économique est composé de nombreuses PME/TPE agiles et familiales, dont le centre de décision est en Bretagne. Celles-ci portent des visions de long terme, favorables à la décarbonation. Mais ces entreprises (industrie, distribution, logistique et transport) manquent souvent de moyens et de capacités d’investissement.

Les infrastructures existantes sont également un atout. Pensons au réseau routier gratuit, au réseau d’avitaillement en BioGNV ou la présence de 2 plateformes de transport combiné rail/route. La Bretagne dispose également d’une formidable façade maritime : 1/3 du littoral français ! Elle a aussi d’excellents centre de formation aux métiers du transport par mer. Mais force est de constater que les offres actuelles ne permettent pas une accélération suffisante vers le report modal ou les énergies alternatives.

A l’échelle régionale, les ambitions sont bien formalisées pour le biogaz, l’hydrogène, le vélique, le portuaire, l’aéroportuaire et le ferroviaire. Des dispositifs et des solutions accompagnent déjà la décarbonation. Mixenn, le GIE Chargeurs Pointe de Bretagne, port de Brest dans le RTE-T, programmes CEE, riche offre pour électrification… On peut aussi compter sur de retours d’expérience de nombreuses entreprises. Cependant, le contexte géopolitique et les changements de cap et de règlementation au niveau national brouillent les tendances (ZFE, filière gaz…). Cela fragilise la vision des décideurs et décideuses… qui remettent à plus tard les actions.

Mais plus globalement, deux lames de fond risquent de limiter les effets des efforts de décarbonation en Bretagne. D’abord, la croissance démographique au niveau régional tend à accroître la demande de transport. Ce phénomène sera d’autant plus visible que la réindustrialisation et la relocalisation attendront leurs objectifs. Ensuite, certains modèles logistiques pénalisent ce territoire breton péninsulaire, comme les flux hyper-tendus.

Les défis à relever sont donc nombreux, de diverses responsabilités, de niveaux distincts (opérationnel / stratégique) mais aussi de court et long terme. C’est ce qui explique que la Feuille de Route présente 12 actions différentes dédiées à la décarbonation.

Les 12 actions de la Feuille de Route pour décarboner

L’axe « Décarbonation » de la Feuille de route distingue 5 piliers :

  • Accélérer la décarbonation des activités logistiques (actions 14, 15, 16 et 17)
  • Optimisation des flux (actions 18 et 19)
  • Routier (actions 20 et 21)
  • Ferroviaire (actions 22 et 23)
  • Maritime (actions 24 et 25)

Action 14 / Accélérer la décarbonation de toutes les activités logistiques (y compris dans les PME/TPE) en partageant davantage les connaissances

La décarbonation logistique implique des transformations techniques et organisationnelles profondes. Elles sont difficiles à suivre pour les TPE/PME et collectivités par manque de ressources. Il est donc essentiel de diffuser une information claire et actualisée. Cette dernière concernera les aides, les solutions existantes, leur disponibilité en Bretagne et les politiques publiques. Le programme Mixenn joue déjà ce rôle en Bretagne et doit être renforcé comme guichet unique régional. Les documents cadres comme le SRADDET et les PCAET doivent également intégrer des volets logistiques plus lisibles. Des temps
d’échange inter-filières sont aussi à organiser pour favoriser la montée en compétences.

Action 15 / Encourager les offres décarbonées (offres commerciales, achats publics…)

La décarbonation de la logistique repose sur le développement d’offres durables et responsables. Elles doivent être proposées par les transporteurs et soutenues par les acheteurs publics et privés. Aujourd’hui, les freins sont nombreux : technologies peu matures, surcoûts, réseaux d’avitaillement insuffisants, manque de coordination territoriale et parfois de compétences dans les collectivités. Il est nécessaire

  • de former les acheteurs aux solutions bas-carbone,
  • d’accompagner les entreprises dans les dossiers d’aide,
  • et d’intégrer des clauses décarbonées dans les marchés publics.

Un dialogue structuré public/privé doit permettre de construire des offres pertinentes et d’identifier les besoins en infrastructures. Les collectivités doivent aussi anticiper les moyens humains, techniques et financiers nécessaires à cette transition.

Action 16 / Soutenir les filières émergentes (hydrogène, rétrofit, vélique, biocarburants, aérien décarboné…)

L’ambition est de faciliter le développement des filières qui participent activement à la décarbonation du transport de marchandises en Bretagne. Pour cela, il faut

  • poursuivre une veille technologique permanente,
  • continuer d’accompagner et de soutenir les projets de façon ciblée,
  • renforcer les compétences logistiques,
  • valoriser les entreprises exemplaires,
  • intégrer ces enjeux dans les plans territoriaux.

Enfin, la coordination avec d’autres feuilles de route (hydrogène, vélique…) favorisera un soutien cohérent et efficace.

Action 17 / Accélérer l’efficacité énergétique du transport routier

L’ambition est d’améliorer l’efficacité énergétique du transport routier de marchandises en Bretagne. Deux leviers principaux : le renouvellement des parcs de véhicules anciens et la généralisation de l’écoconduite. Les actions consistent à faciliter ce renouvellement grâce à

  • une meilleure information sur les innovations,
  • des soutiens financiers
  • une réglementation adaptée.

Par ailleurs, il s’agit de systématiser la formation à l’écoconduite. Il s’agit de sensibiliser les conducteurs, et d’encourager les bonnes pratiques par des dispositifs comme des challenges de conduite sécuritaire. Ces leviers sont essentiels pour réduire la consommation d’énergie tout en maintenant un service performant.

Action 18 / Identifier et accompagner la mutualisation multi-acteurs

La mutualisation logistique, qui consiste à regrouper les flux et moyens entre acteurs économiques, offre des bénéfices
économiques, écologiques et sociaux. L’ambition est de faciliter et accompagner ces projets

  • grâce à un ou des tiers neutres experts,
  • en améliorant la connaissance des flux locaux (y compris les îles bretonnes)
  • en développant des outils numériques dédiés.

Les actions incluent la sensibilisation des chargeurs, la valorisation des bonnes pratiques, et l’évolution des réglementations pour favoriser les espaces communs. Des actions spécifiques sont proposées pour les filières agricoles, agroalimentaire et pêche, construction et déchets. Elle visent à optimiser les flux, coordonner les acteurs et développer les compétences logistiques.

Action 19 / Favoriser la massification des flux

La massification des flux vise à regrouper les volumes de marchandises pour optimiser les transports. La massification concerne notamment l’amont des livraisons finales. L’ambition est de faciliter le développement de solutions de massification sur tout le territoire

  • en augmentant les capacités de stockage proches des infrastructures majeures
  • en partageant des espaces communs attractifs.

Les actions incluent

  • la création et l’animation d’outils numériques,
  • la réalisation de diagnostics logistiques,
  • l’accompagnement des projets avec un tiers neutre.

Des mesures spécifiques sont prévues pour les filières agricoles et agroalimentaires et construction. Elles visent à adapter les pratiques et infrastructures pour renforcer la massification.

Action 20 / Promouvoir, informer et former les chargeurs et les prestataires logistiques aux énergies alternatives

Pour faciliter l’adoption des énergies alternatives au diesel (électrique, gaz, biocarburants, hydrogène…), il est essentiel d’informer. Les acteurs du transport ont besoin d’informations neutres, objectives et actualisées :

  • sur les solutions disponibles
  • leurs usages,
  • leurs impacts
  • les retours d’expérience.

Le programme régional Mixenn joue déjà ce rôle d’information et de mise en relation. L’ambition est donc d’une part de pérenniser et renforcer ce dispositif. En parallèle, il s’agit d’autre part de développer une offre de formation adaptée aux besoins des professionnels. Cela permettra d’éclairer les décisions, lever les freins et accompagner efficacement la transition énergétique du secteur.

Action 21 / Déployer des solutions d’avitaillement en énergies décarbonées adaptées aux territoires et aux besoins des acteurs

Pour accompagner la transition énergétique du transport de marchandises, il est essentiel de déployer un réseau
d’avitaillement en énergies alternatives (électricité, bioGNV, biocarburants…), cohérent avec les usages, les flux et les besoins des territoires. Cela implique :

  • une planification territoriale précise,
  • le soutien aux investissements,
  • la mutualisation des infrastructures
  • la prise en compte des besoins spécifiques (zones rurales, secteur du bâtiment…).

L’ambition est d’offrir un maillage adapté, évolutif et partagé, garantissant l’accessibilité, la viabilité économique et l’efficacité environnementale des solutions.

Action 22/ Promouvoir les atouts du rail et des solutions bretonnes en général. Faire monter en compétences les chargeurs et les prestataires logistiques sur le fret ferroviaire en particulier

Pour favoriser le report modal vers le ferroviaire, il est indispensable de lever les freins culturels et pratiques. Comment ? En diffusant une information claire, neutre et actualisée sur les offres, les avantages, les risques et les aides disponibles. L’ambition est donc de pérenniser et de renforcer l’existant pour informer, former et accompagner les chargeurs. Le programme Mixenn, la pédagogie de Be Modal…sont des exemples pertinents de cela. Des formations adaptées (initiales et continues) devront être développées. Les rôles des opérateurs méritent également d’être clarifiés pour sécuriser les acteurs économiques dans leur transition vers le fret ferroviaire.

Action 23 / Créer une offre ferroviaire bretonne connectée, tant en infrastructure qu’en service de transport

La Bretagne vise à multiplier par six la part modale du fret ferroviaire d’ici 2050. Pour cela, l’État, la Région et SNCF Réseau ont acté une trajectoire ambitieuse, avec des investissements. Ceux-ci concernent les infrastructures existantes (lignes, CTC de Rennes, ITE, ports) et le développement de nouvelles offres logistiques ferroviaires. Une gouvernance régionale dédiée est à l’étude pour faciliter les coopérations. À plus long terme, l’objectif est d’élargir les usages ferroviaires à de nouvelles filières et flux intrarégionaux.

Action 24 / Promouvoir les atouts du maritime, dont le vélique, et des solutions bretonnes; faire monter
en compétences les chargeurs et les prestataires logistiques sur le fret maritime

Pour encourager le report modal vers le transport maritime, la Bretagne souhaite

  • poursuivre la promotion des solutions existantes
  • lever les freins liés aux idées reçues.

Le programme Mixenn joue un rôle central dans la diffusion d’informations fiables. Cela se fait en lien avec les ports bretons et les acteurs logistiques déjà parties prenantes. L’ambition est de pérenniser et élargir ces dispositifs d’une part. Développer des formations adaptées aux chargeurs permettra en parallèle de faciliter leur transition vers ce mode plus sobre en carbone.

Action 25 / Faire des ports des places fortes de la décarbonation et décliner la stratégie portuaire régionale


La stratégie portuaire régionale adoptée par la Bretagne en 2023 vise à faire des ports des leviers clés de la décarbonation et du développement économique local. Cela passe par l’accueil d’activités liées aux énergies renouvelables, aux carburants alternatifs et à la propulsion bas carbone (vélique notamment), ainsi que par le développement du cabotage, propice en Bretagne avec sa géographie portuaire. Les ports doivent aussi devenir des nœuds logistiques performants, en réactivant les voies ferrées portuaires et en développant des lignes maritimes bas carbone pour favoriser le report modal.

« Décarbonation » : des actions.

L’axe décarbonation se décline en 12 actions. Ces dernières sont bien évidemment liées aux axes « connaissances », « décarbonation » ou « territorialisation ». Certaines de ces actions sont nouvelles, d’autres sont déjà menées partiellement ou en totalité par les parties prenantes. L’enjeu de la Feuille de Route est bien de coordonner les efforts pour en maximiser l’impact.

Je découvre les actions des autres axes

Rendez-vous le 20 janvier 2026 pour la 3ème Conférence régionale de la logistique

La feuille de route de la mobilité des biens et des marchandises sera au cœur de la prochaine Conférence Régionale de la Logistique, qui se tiendra le mardi 20 janvier de 9h à 14h.