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Détente des flux chez Intermarché : retours d’expériences et regards croisés dans la supply chain

Publié le 2 novembre 2020

L’enseigne Intermarché achève prochainement la détente des flux sur les produits frais industriels pour en améliorer le taux de service magasin. Après plusieurs mois de pratique, incluant la gestion de quelques jours fériés, d’un confinement généralisé et d’une crise COVID-19, comment cette mesure est-elle vécue par chacun des maillons concernés ? Retours d’expériences et regards croisés, dans le cadre de Perspectiv’Supply, avec Patrick Blay de la direction logistique ouest chez Intermarché, Bastien Thirion, directeur commercial chez STG, Matthieu Salmon, directeur de Lahaye Logistique (Entremont, Candia, etc.) et Olivier Le Menn, coordinateur de flux de Laïta (Paysan Breton, Mamie Nova, etc.).

Un projet agile au service de la supply chain

Pourquoi le schéma de flux a-t-il évolué ?

La direction logistique Ouest rappelle que l’engagement de la logistique dans l’enseigne est bien d’apporter du confort à ses adhérents en magasin et de leur permettre d’augmenter leur chiffre d’affaires. Ces deux objectifs sont atteints par l’amélioration du taux de service magasin, qui traduit la performance de la chaîne logistique depuis l’industriel en passant par le transport amont, la plateforme de grande distribution (« base ») et le transport aval. Véritable projet de supply chain, l’enjeu était donc d’améliorer la disponibilité des bons produits au bon moment, donc la satisfaction du client final.

Comment le schéma a-t-il évolué ?

Concrètement, il s’est agi de détendre les flux en passant d’un flux A/C magasin (commande reçue chez l’industriel jour A, livrée en magasin 2 jours plus tard, jour C) à un flux A/D magasin :

Illustration de la détente des flux produits frais industriels chez Intermarché

Le périmètre du projet inclut tous les produits frais industriels (hors produits carnés, produits de la mer et fruits & légumes) sur les 18 bases frais d’Intermarché.

Le projet a d’abord été testé par la direction logistique dans l’Ouest entre octobre 2019 et décembre 2019, éprouvant le modèle avec les fériés de fin d’année notamment. Les résultats positifs de ce pilote ont ensuite permis à l’enseigne d’acter le déploiement national en plusieurs phases (6 bases en juin, les bases très saisonnières en septembre et les dernières en décembre 2020). La COVID 19 n’a pas freiné ce déploiement.

La détente des flux améliore le taux de service magasin

A l’issue du pilote, la direction logistique Ouest a mené une enquête auprès des magasins qui a démontré les bénéfices du flux détendu :

  • Le taux de service a progressé assez rapidement après le démarrage du pilote (dès la 2ème semaine)
  • L’amélioration du taux de service est significative : + 1 point de taux de service en magasin
  • Les palettes sont mieux faites, limitant ainsi la casse produit

La majorité des magasins a souhaité rester en A/D :

  • 55% des magasins veulent rester en A/D
  • 25% des magasins veulent rester en A/D partiellement
  • 20% des magasins veulent revenir en A/C

Au-delà du taux de service, les magasins ont également constaté une meilleure ponctualité des livraisons. Certains points de vente ont pourtant dû être patients au tout départ jusqu’à ce que la coordination entre industriel, transporteur et base logistique soit fluide.

La détente des flux permet aux équipes en plateforme de faire du travail de meilleure qualité et plus sereinement

La plateforme logistique prépare les commandes émises par les magasins et, là aussi, l’impact de la détente des flux est globalement positif notamment sur :

  • La qualité de la palettisation
  • Le taux de service
  • L’organisation des équipes sur la plateforme

Le pilote mené par la direction logistique Ouest montre que la détente des flux réduit significativement le nombre de retards de livraison amont : le rendez-vous de livraison est honoré à 98% par le fournisseur et le transporteur.

La préparation des commandes en aval est plus fluide : les produits étant disponibles, les préparateurs travaillent « dans l’ordre » et ont un petit peu plus de temps pour optimiser la palettisation (« on n’a plus de yaourts sur les œufs »). Conséquence ? Le taux de casse est limité, tout comme le taux de colis restés à quai ou dévoyés… et mécaniquement, le taux de service augmente.

La direction logistique Ouest témoigne parallèlement d’un apaisement des journées sur la base, par exemple à Erbrée (35) : depuis le passage en A/D, la grande majorité des journées se déroulent dans les délais, l’activité est plus sereine. Par ailleurs, ce nouveau schéma a permis à Erbrée de revoir son chronogramme. La préparation de commande se termine quelques heures plus tôt (16h dans le modèle A/D au lieu du début de soirée dans le modèle A/C). Erbrée a donc transformé les horaires de l’équipe d’après-midi (13h- 22h, qui sont des horaires peu appréciés) en horaires de journée (8h-16h).

La détente des flux améliore les conditions de travail et la qualité de service du maillon transport

Le maillon précédent, le transport amont, salue aussi globalement la détente des flux. Ce nouveau schéma réduit l’urgence dans les opérations chez STG ou Lahaye par exemple. Cela se traduit d’une part par la diminution du risque d’erreurs (casse, dévoyés, etc.) donc par l’augmentation du taux de service, et d’autre part par la réduction du stress sur le quai, à l’exploitation mais aussi sur la route. Enfin, les RDV de livraison sur la base étant respectés à 98%, les conducteurs attendent généralement moins longtemps pour livrer la plateforme d’Erbrée.

Bastien Thirion, directeur commercial chez STG, salue cette évolution tout en précisant que le passage en A/D a pu tendre davantage certains flux. Notamment pour quelques industriels qui ne peuvent pas mettre à disposition le produit plus tôt : la commande passée à 14h n’est disponible que le lendemain dans la matinée, comme lorsque la commande arrivait à 9h. Dans cette configuration le schéma transport reste inchangé.  « Dans tous les cas, côté transport, l’adaptabilité demeure un incontournable, et tout ce qui contribue à détendre les flux ne peut être que bien accueilli ».

Pour le maillon transport amont, quelque soient les transporteurs, l’attractivité des métiers est un enjeu vital. Et elle passe bien sûr par l’amélioration des conditions de travail. Le nombre d’emplois à pourvoir (conducteurs, exploitants, agents de quai, etc.) reste très élevé malgré la crise COVID. C’est la pérennité à moyen terme de toute ces supply chains qui est désormais en jeu. Plus les conditions seront difficiles (travail dans l’urgence, temps d’attente, qualité de la relation avec la base, etc.), plus les chaînes logistiques seront fragiles.

La détente des flux améliore le taux de service industriel, détend les équipes et facilite l’optimisation

Chez l’industriel ou chez son prestataire logistique, le schéma A/D semble aussi être une avancée. Matthieu Salmon, le directeur de Lahaye Logistique assure la préparation et l’expédition des commandes de produits frais vers la GMS du groupe Sodiaal (Entremont, etc.). Il confirme que les palettes sont mieux montées et les gens moins stressés.

La réduction de la casse et des dévoyés augmente le taux de service. Chez certains industriels, le délai supplémentaire dans le schéma A/D permet même de rectifier l’ordonnancement de la production et de compléter la commande, augmentant ainsi le nombre de produits mis à disposition et le taux de service. Plus largement, les équipes étant plus détendues, il est possible d’améliorer l’organisation de la préparation commande et de l’expédition.

Olivier Le Menn, coordinateur des flux chez Laïta, précise cependant que l’éloignement géographique reste quand même une contrainte forte, alors que les produits Laïta sont expédiés de Ploudaniel (29) ou d’Ancenis (44). Les livraisons en A/B soir sur certaines bases se traduisent par une réorganisation importante chez les transporteurs, tant au niveau des plans de ramasses chez les différents industriels que de la constitution des tournées de livraisons. Ce travail est d’ailleurs plus complexe pour les transporteurs qui n’ont pas les volumes suffisants pour faire des camions complets mono filière (horaires de livraison différents selon les rayons).

La détente des flux impose une certaine évolution du passage des commandes en magasin

Dans le schéma de flux A/D, le point de vente doit passer sa commande plus tôt, à 12h30 la veille au lieu de la passer à 9h le jour J.

Concrètement, le·la responsable de rayon passe donc sa commande une fois la mise en rayon terminée, donc plus sereinement. Mais il·elle doit donc passer sa commande avant d’avoir reçu la précédente, qui n’arrivera qu’à 6h30 le lendemain matin. Ce premier changement a nécessité chez Intermarché un développement informatique pour que la base logistique informe les magasins des manquants au plus tôt. L’automatisation de ce processus est actuellement en cours.

La direction logistique ouest met en lumière le besoin de formation et d’accompagnement en magasin pour paramétrer le logiciel de RAO (réapprovisionnement automatique) afin de rendre celui-ci très fiable. Plus le logiciel de RAO est fiable (quand la RAO est bien paramétrée et que le taux de réapprovisionnement automatique est proche de 100%), plus le magasin a été satisfait du pilote en A/D et souhaitait rester en A/D. Selon la direction logistique Ouest, le passage en A/D et plus largement la détente des flux est pérenne (« c’est le sens de l’histoire »), et la culture logistique dans les magasins facilite leur implication dans ce type de processus.

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