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Sobriété

Ferroviaire

Le ferroviaire refait parler de lui en Bretagne. Une stratégie de redéploiement du fret ferroviaire portée aussi par SNCF Réseau mais aussi par la Région Bretagne notamment dans le cadre du volet « mobilités » des contrats de plan État Région.

Le groupe familial breton Lahaye Global Logistics (LGL) (35) a poursuivi sa dynamique d’investissements dans le transport intermodal en ouvrant une deuxième ligne de fret ferroviaire entre Rennes et le port de Lille, après la ligne à destination de Lyon. Une nouvelle ligne qui attend les chargeurs bretons pour équilibrer les flux et a dû faire face à la flambée de coûts de l’électricité. Toujours avec le groupe Lahaye, sept transporteurs ont monté un réseau rail-route national : Rail Route Connect. Leur volonté : former un réseau national de massification ferroviaire pour favoriser le report modal de la route vers le rail. Afin d’optimiser sa nouvelle ligne combiné rail route Rennes-Lille, LGL a aussi investi 400.000 euros dans 4 semi-remorques P400. Ces dernières ont la spécificité d’être multimodales, à savoir adaptées au réseau ferroviaire et au réseau autoroutier.

De l’autre côté de la Bretagne, après dix ans d’absence, le fret ferroviaire a aussi retrouvé des couleurs au port de Brest.

Maritime & portuaire

Le maritime devrait reprendre sa place dans les prochaines années. Les élus du conseil régional de Bretagne ont approuvé « une stratégie régionale portuaire » 2023-2033 qui va être abondée par l’Etat. La Région Bretagne, qui a récupéré de l’État la gestion de ses 21 ports, avec des infrastructures pas toujours au meilleur de leur forme, prévoit plus d’un demi-milliard d’euros sur sept ans pour les rénover et les engager dans la transition écologique.

Sur Brest, l’heure est à la décarbonation. Le port a ainsi intégré un programme d’études européen qui doit permettre de développer l’utilisation d’énergies dites « vertes » comme l’hydrogène, ou l’ammoniac, à terre comme en mer. Le port a aussi lancé un vaste chantier d’électrification pour que les navires se branchent à quai plutôt que de dépendre des groupes électrogènes a été lancé. Avec Lorient, le port de Brest va recevoir en parallèle 1,2 M€ pour le projet INFLOW dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêts (AMI) sur les ports éoliens flottants. Enfin, la Société Portuaire Brest Bretagne (SPBB) a déployé un prototype de production d’énergie flottante (25 kW), conçue par HelioRec. Forte d’une quarantaine d’entreprises, l’Union maritime de Brest et sa région, l’UMBR explique que « les 40 prochaines années du port seront marquées par les enjeux environnementaux et sociaux », comme l’essor des énergies marines renouvelables ou la consolidation de la réparation navale. Pour Christophe Chabert, directeur de la SPBB, l’avenir du port de Brest se joue « dans les trois ans ».

Avec 2 720 000 tonnes de marchandises traitées en 2022 (import/export), le port de commerce de Lorient Bretagne Sud a terminé, lui, en tête du tableau des volumes traités par les ports de commerce bretons, devant celui de Brest même. 

À Saint-Brieuc, l’avenir du port du Légué se dessine aussi. Près de soixante personnes ont planché sur l’avenir du port à l’horizon 2030-2050 à Saint-Brieuc (22). Trois scénarios ont été élaborés dans le cadre de cette étude participative menée par le Syndicat mixte du grand Légué (SMGL), sous le pilotage de la Région Bretagne. 

Sur Nantes-Saint Nazaire, l’état va soutenir financièrement le projet Eole porté par le Grand Port Maritime, qui vise à construire un quai XXL et une base logistique pour l’éolien flottant en France. En parallèle, la zone industrielle et portuaire a décroché une aide publique de 4,1 millions d’euros pour financer une partie de sa décarbonation. Côté offre maritime, l’armateur Wec lines intègre Montoir-de-Bretagne dans son schéma logistique maritime entre le nord et le de sud de l’Europe. Créé cette année, le cluster CARGO réunit une douzaine de laboratoire de recherche nantais dans une approche multidisciplinaire. Objectif : structurer les activités locales de recherche œuvrant à la décarbonation du transport maritime, et créer une culture commune sur le sujet. Enfin, Lhyfe produira 30 000 tonnes d’hydrogène renouvelable par an, à partir de 2028, sur un site du port, à Montoir-de-Bretagne. 

Transport maritime à la voile

Le transport maritime à la voile a monopolisé, à raison, les unes de la presse avec des acteurs du Grand Ouest débordant de projets et de premières réalisations qui ont vu le jour. Les projets de navires marchands propulsés par le vent se multiplient. La solution est encore marginale, mais les acteurs de la filière espèrent lancer 10 000 cargos véliques d’ici à 2030, soit 10 % de la flotte mondiale. 

Côté conception, à Vannes (56), à travers sa start-up Wisamo, Michelin va construire des voiles pour les cargos sur son site industriel. Les Chantiers de l’Atlantique ont, eux, annoncé la construction d’une usine à Lanester (56), pour fabriquer les grands mâts SolidSail dès septembre 2024 à «une cadence industrielle». Un investissement qui devrait atteindre 15 à 20 millions d’euros. À Lorient (56), Windcoop, la première entreprise coopérative bretonne de transport maritime à la voile, a choisi les chantiers Piriou de Concarneau (29) pour la construction de son premier porte-conteneurs à voile. Objectif : le mettre à l’eau début 2026 pour transporter des marchandises entre la France et Madagascar. Toujours dans le Morbihan, l’entreprise lorientaise ADD Technologies (56) a développé un système de kits de propulsion vélique pour le transport maritime. Elle envisage d’équiper un premier vraquier en 2024. À Nantes, la start-up Neoline a officiellement lancé la construction de son cargo roulier à voile de 136 m pour la mi-2025.

Les premiers bateaux ont aussi fait leur apparition et déploient leur stratégie. Le Canopée, le premier cargo à voiles français, qui transporte notamment les éléments de la fusée Ariane 6 a ainsi mouillé en rade de Brest (29), pendant l’été. L’impressionnante coque du voilier cargo de Towt a fait sensation à Concarneau, un voilier qui va être gréé et aménagé par les chantiers Piriou (29). Le transporteur, né à Douarnenez (29) et basé au Havre (76) a annoncé une alliance stratégique avec le commissionnaire africain historique Nord Sud CTI. La société vient d’annoncer qu’elle lançait une levée de fonds supplémentaire pour six nouveaux bateaux.

Le transporteur et chocolatier morlaisien Grain de Sail (29) a aussi fait parlé de lui. Il a étoffé son offre de transport décarboné en lançant une filiale dédiée à l’organisation du transport : Grain de Sail Logistics, avant l’arrivée sur Saint-Malo de son deuxième voilier. Le transporteur ouvre aussi deux lignes shortsea vers l’Irlande et l’Angleterre. 

Après avoir levé près de 4 millions d’euros et rassemblé plus de 1 000 sociétaires, la compagnie maritime Windcoop a lancé son appel d’offres aux chantiers pour la construction de son premier navire. Cette construction aboutira à l’ouverture de la ligne directe de transport décarboné entre Marseille et Madagascar en 2025 et doit être le premier d’une longue série pour créer une flottille qui (r)ouvrira des routes commerciales sur les océans du monde.

Moins visibles que leurs confères Grain de Sail, Towt et WinndCoop, de nombreuses initiatives avancent pourtant pour redévelopper les voiles sur les navires. Près de Saint-Malo, 500 kg de marchandises ont ainsi été livrées sur les bords de Rance, à Saint-Suliac (35), grâce au Glaz project qui remet au goût du jour le cabotage ou navigation près des côtes. De son côté, François Gabart s’est engagé dans le transport de marchandises 100 % à la voile, au travers de sa start-up qui entend insuffler un nouvel élan dans le domaine du fret maritime, grâce à ses voiliers-cargos qui relieront l’Europe aux Etats-Unis. Parlons aussi du Pingouin, Imoca en fin de carrière sportive, racheté par deux jeunes entrepreneurs et transformé pour assurer le transport de marchandises, ou de l’association Avel Marine qui retape un ancien crevettier hollandais, arrivé il y a quelques mois, à la cale de Taden (22). La Blue schooner company s’est agrandi en 2023 et construit un nouveau voilier. A Douarnenez (29), deux ambassadeurs du transport à la voile étaient réunis à Douarnenez : leTres Hombres et l’Ide Min, deux voiliers-cargo de compagnies hollandaises, ont fait escale avant de traverser l’Atlantique. Enfin, les skippers de la course Retour à La Base ne sont pas revenus les mains vides de Martinique début décembre à Lorient (56). Ils ont rapporté des fèves de cacao.

Le développement de la filière vélique appelle aussi une compétition des territoires qui aimeraient bien accueillir ces nouveaux acteurs, à l’image de la Bretagne,  qui veut notamment développer des lignes de fret à la voile avec ses homologues celtes, et de la place nantaise.

S’il n’est pas fait à la voile, la décarbonation du transport maritime passe aussi par la transition énergétique à l’image de la Brittany Ferries qui a dévoilé en 2023 son deuxième navire hybride GNL-électrique, des progrès salués par un label environnemental.  

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