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Rencontre avec Clara, responsable des opérations dans un hub logistique

Publié le 3 avril 2019

Quels seront les changements qui surviendront dans les activités, les métiers et les compétences (techniques et transverses) dans les secteurs de la logistique et des transports ? C’est à cette question qu’une récente étude du Département des Etudes Transport et Logistique de l’AFT tente de répondre, notamment au travers de « job fictions ».

Ces « job fictions » cherchent à se représenter des situations de travail pour quelques métiers « cibles » à horizon 2025. Ils envisagent les possibilités de changement dans les activités, les métiers, les compétences (techniques et transverses) à travers de personnages dont les métiers vont être fortement impactés par des mutations technologiques, organisationnelles, de modes de vie…

Ces fictions ont été élaborées au cours d’ateliers de travail animés par l’AFT et auxquels ont contribué des représentants de Bretagne Supply Chain, de Brest Business School, des Chambres d’Agriculture de Bretagne, de la FNTR Bretagne, de la Région Bretagne et de TLF.

19 décembre 2027, 8h

Habituellement, je n’arrive pas aussi tôt sur la plateforme. En effet, je reçois en temps réel sur mon smartphone des messages si une anomalie ou un dysfonctionnement surviennent pendant la nuit ou le week-end, puisque les automates du hub fonctionnent 7j/7, 24h/24, et il y a de toute façon toujours des techniciens de maintenance et un manager de flux d’astreinte. Mais depuis une semaine, avec l’approche des fêtes de fin d’année, c’est vraiment la folie, on traite une quantité phénoménale de colis. Les gens ont pris l’habitude d’être livrés à J+1 ou le jour même, donc ils n’anticipent plus vraiment leurs achats, ils s’y prennent au dernier moment pour passer commande. On a dû recourir à des intérimaires pour faire face à la surcharge de travail. Ils sont surtout positionnés sur le poste « hors gabarit », des formats complexes ou à faible rotation pour lesquels les robots ne sont de toute façon pas très performants, comme la manipulation des sapins de Noël, même si les systèmes de préhension se sont bien améliorés.

Notre hub est conçu comme un routeur ouvert chargé de déplacer des paquets de tous types de clients et de les stocker temporairement jusqu’à ce qu’ils soient intégrés dans des boîtes modulaires dont les flux seront gérés de façon optimale. En fait, la chaîne logistique a tellement gagné en fluidité depuis 2-3 ans que pour des produits de grande consommation il n’y a plus que très peu de stocks, positionnés de façon stratégique.

La société pour laquelle je travaille est propriétaire d’un ensemble de plateformes de transbordement de ce type, dont certaines multimodales, densément réparties sur tout le territoire national. Les volumes entrants et sortants de chacun de ces centres logistiques sont dynamiquement optimisés en fonction de la demande des bassins de consommation locaux. Les produits commandés par un consommateur sont livrés prioritairement à partir du hub permettant la livraison la plus rapide au consommateur. Chaque hub s’inscrit dans le schéma logistique de prestataires qui se sont vus confier par leurs clients le soin de regrouper toutes les livraisons et expéditions les concernant, un peu comme un fournisseur d’électricité domestique. Pour simplifier, nous faisons du cross-docking mais à l’ère de l’Internet physique !

En tant que responsable des opérations, mon rôle est de faire en sorte que l’organisation du hub et les moyens humains et matériels qui y sont mis en œuvre soient conformes aux attentes et aux exigences des organisateurs logistiques qui ont choisi notre hub. En cette période sensible de décembre, cela suppose un traitement plus rapide que d’habitude des flux pour satisfaire à nos engagements de délais et qualité de service vis-à-vis de nos clients organisateurs logistiques et faire en sorte que les protocoles de routage qui sont mis en œuvre soient ceux définis comme maximisant leur profitabilité.

Une dégradation de nos indicateurs publics de performance affecterait notre e-notation sur le marché ; au contraire, si nous relevons cette année avec succès ce challenge, nous espérons capter de nouveaux clients en recherche de solutions toujours plus agiles.

Pour éviter l’engorgement de la plateforme, nous devons pouvoir compter sur l’efficacité et la disponibilité sans faille de nos robots et autres automatismes ; c’est avec cet objectif que je manage le responsable du service de maintenance préventive.

Pour l’instant, les indicateurs de productivité qui s’affichent sur mon écran sont au vert. Je vais pouvoir, comme prévu, entrer en web conférence avec Martin, coordinateur logistique chez un chargeur localisé à proximité de notre plateforme. Il a été recruté à ce poste assez récemment mais il semble avoir rapidement trouvé ses marques. Les flux physiques de cette entreprise sur notre hub ont continué de progresser en tendance et de manière lissée dans les sens entrants et sortants, signe que Martin a bien anticipé avec ses équipes commerciales et marketing la demande des consommateurs et a maîtrisé ses achats.

Aujourd’hui, il souhaite s’entretenir avec moi des possibilités d’externaliser des prestations de co-packing lors de ses opérations promotionnelles. Justement, notre plateforme va s’agrandir pour offrir de nouvelles prestations de ce type. L’extension du bâtiment va être inaugurée mi-janvier. Elle a été conçue dans le respect des meilleures normes de qualité environnementale : l’isolation a été réalisée en matériaux naturels, combinée à un soin particulier apporté à l’étanchéité de l’enveloppe du bâtiment, de sorte qu’avec sa couverture en cellules photovoltaïques en toiture, le bâtiment est labellisé à énergie positive. De grandes baies en hauteur apportent de la lumière naturelle, les préparateurs de commandes évolueront dans un lieu de travail agréable.

Outre que je suis satisfaite du fait que la pénibilité a quasiment disparue dans nos entrepôts, grâce aux automates, cobots et exosquelettes, je suis heureuse de constater que la réactivité qu’offre notre solution logistique ne répond pas qu’à la demande de consommateurs impatients, mais qu’elle a aussi permis à de nombreux industriels et e-commerçants bretons d’élargir leur part de marché et d’être plus compétitifs.