Publié le 30 janvier 2023
La CRESS Bretagne lance une étude pour imaginer une organisation logistique mutualisée pour le réemploi des matériaux du bâtiment en Bretagne.
Le secteur de la construction et de la démolition est à l’origine de 70% des déchets produits en France chaque année, soit 224 millions de tonnes de déchets produites en 2020 selon l’ADEME. Le secteur du bâtiment produit à lui seul 46 millions de tonnes de déchets. En Bretagne, le plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) vise à produire moins de déchets, à mieux trier et à valoriser les déchets produits, dans l’objectif d’atteindre le « zéro enfouissement » d’ici 2030 et le « zéro déchet » d’ici 2040.
Depuis plusieurs années, des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) ont permis l’émergence d’une filière innovante de réemploi des matériaux du bâtiment. Avec la pression exercée sur les matières premières vierges, la pénurie actuelle de certains matériaux et la nécessité de diminuer les impacts environnementaux, de plus en plus de projets se développent aujourd’hui : diagnostics des matériaux sur chantier avant démolition, assistance à maîtrise d’ouvrage publique et privée, déconstruction sélective et collecte « préservante », reconditionnement des matériaux, stockage et revente aux professionnels et particuliers.
Si aujourd’hui les structures se développent, il n’en reste pas moins qu’elles rencontrent des contraintes importantes, notamment en matière de logistique :
- Les moyens associés au réemploi des matériaux (zone de stockage, logistique…) ne permettent pas d’absorber de gros gisements.
- La pression foncière est telle qu’elle encourage la mutualisation des espaces d’activités.
- Le décalage spatio-temporel entre l’offre de gisement et la demande d’exutoire vers de nouvelles opérations, obligeant les structures à trouver des réponses physiques (zones de stockage en conséquence) et logistiques (déplacements des matériaux)
- Le poids de la logistique dans les opérations de réemploi impacte très fortement les prix de vente des matériaux.
Pour aller plus loin dans la structuration de la filière du réemploi des matériaux du bâtiment, une étude est aujourd’hui lancée pour analyser les gisements disponibles, les exutoires existants, mais surtout les solutions de stockage et logistiques nécessaires pour y répondre. Objectif : amorcer des coopérations et d’éventuelles mutualisations à des échelles régionales.
A ce jour, trois régions se sont positionnées comme « pilotes » de cette étude, dont la Bretagne, qui doit permettre de développer des solutions collectives et un schéma de coopération entre acteurs de l’ESS, pour les activités de logistique et de stockage, afin de répondre aux enjeux de développement et de massification du réemploi des matériaux du bâtiment.
L’objectif principal est, pour les acteurs de l’ESS spécialistes du réemploi des matériaux du bâtiment, de trouver un modèle organisationnel et logistique à l’échelle de leurs activités (régionale ou infrarégionale dans certains cas), économiquement et environnementalement viable.
Cela passera par l’élaboration de scénarios concernant le maillage nécessaire en plateformes de réemploi / stockage, et la possible mutualisation d’espaces de stockage, de préparation au réemploi et de moyens logistiques, pour :
- Permettre de massifier le stockage, qui est l’espace tampon indispensable entre la captation du gisement et la redistribution vers les exutoires (chantiers, autres points de vente…) ;
- Permettre d’optimiser les coûts économiques et environnementaux de la logistique et ainsi de consolider les modèles économiques des structures ;
- Faciliter l’engagement des maîtres d‘ouvrage et maîtres d’œuvre, des professionnels du bâtiment pour développer des projets intégrant le réemploi des matériaux du bâtiment.
Les résultats de l’étude sont attendus pour fin septembre 2023.
